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›› Chronique

Retour sur la troublante psychose de l’origine fabriquée de la pandémie

Une conjonction d’informations troublantes.

A la fin de l’hiver 2020, alors que commençait à circuler l’hypothèse de la responsabilité du laboratoire P4 de Wuhan, la virologue chinoise Shi Zhengli, 石正丽, 57 ans, titulaire d’un doctorat de l’Université de Montpellier - baptisée « Dame chauve-souris 蝙蝠女 » attira sur elle les feux de l’actualité.

On la remarqua pour deux choses : 1) Le foisonnement de ses travaux menés sur la population des chiroptères du Yunnan ; 2) Le fait qu’elle ait publiquement exprimé l’angoisse qui l’avait un moment saisie, avant de démentir aussitôt, que l’épidémie aurait pu être provoquée par un accident lié à ses travaux.

Le fond de tableau des contrefeux immédiatement allumés par une série de missions chinoises partout dans le monde, s’appuyait sur l’argument que les communications ouvertes des virologues de Wuhan n’avaient jamais caché que, depuis l’épidémie de SRAS en 2003, ils travaillaient sur des souches de coronavirus.

La partie de l’image cependant restée dans l’ombre concernait la manipulation des pathogènes pour en augmenter la virulence. Le procédé dit « de gain-de-fonction », consiste à provoquer par une mutation expérimentale, une capacité virale augmentée facilitant les travaux de recherche.

La méthode présente l’avantage scientifique d’aider à mieux comprendre la transmissibilité, au cœur de la virologie. Elle est cependant controversée parce qu’elle augmente les risques en cas d’accident de laboratoire.

Un virus « augmenté » en laboratoire.

Plusieurs informations crédibles venant de virologues américains ayant coopéré avec des chercheurs chinois affirment que ces derniers avaient ouvertement participé à des recherches sur « le gain de fonctions » en partenariat avec des universités et des institutions américaines, avant que l’administration Obama les interdise.

Pour compléter ce bilan des indices préoccupants recoupant l’hypothèse d’un accident de laboratoire, il faut rappeler une série d’informations exhumées il y a une année de l’histoire des coopérations virologiques sino-américaines et aujourd’hui oubliées.

Rendues publiques au printemps 2020 par un article du Washington Post signé Josh Rugin, au moment de la plus grande virulence de l’épidémie en Chine, elles faisaient référence à des échanges ayant eu lieu trois ans plus tôt entre virologues américains et chinois par le canal de l’ambassade des États-Unis à Pékin.

Inquiétudes sur la sécurité.

A la fin 2017, la section scientifique de l’ambassade américaine à Pékin rendait compte par message à Washington que des chercheurs chinois travaillant activement sur la population des chauve-souris du Yunnan avaient eux-mêmes reconnu « un sérieux déficit de techniciens correctement formés. ».

Cette information à la fois capitale et insolite, est à mettre en relation avec le fait qu’à partir de 2015, les autorités chinoises tirèrent progressivement un trait sur la coopération avec la France ayant installé à Wuhan un laboratoire de haute sécurité biologique de niveau P4. Lire : P4 de Wuhan et accord France-Chine sur les maladies infectieuses. La France a-t-elle manqué de clairvoyance pendant plus de 15 ans ?

Plus encore, la modestie très professionnelle et très candide exprimée en 2017 par les virologues chinois qui se confièrent aux diplomates américains, renvoie à leurs premiers contacts tués dans l’œuf par Pékin avec leurs collègues du Centre de Contrôle des Maladies infectieuses d’Atlanta.

Pour ajouter à l’écheveau néfaste d’une situation ayant perturbé la coopération vertueuse des chercheurs, à l’époque, le paysage de la virologie aux États-Unis, était lui-même placé sous le poids des injonctions politiques de D. Trump qui, début 2020, niait encore la réalité de la menace aux États-Unis.

Dans le cadre de leurs échanges, les scientifiques de l’Ambassade américaine apprirent également que les Chinois « auraient » découvert et introduit dans le laboratoire P4 de Wuhan trois nouveaux virus ayant la caractéristique unique de contenir une protéine dite « spike » plus particulièrement capable de favoriser l’infection de cellules du poumon humain appelées « récepteurs ACE2 ».

Fin 2017 et début 2018, répondant à l’invitation des Chinois, les scientifiques de l’Ambassade, accompagnés d’une équipe d’experts se rendirent au laboratoire P4 Wuhan où ils rencontrèrent les virologues chinois dont Shi Zhengli.

Après quoi, ils rédigèrent deux messages à Washington insistant sur la nécessité d’aider les Chinois à améliorer la sécurité du laboratoire, précisant que les nouveaux virus découverts par Wuhan aggravaient les risques de contamination humaine.

Bien que le dernier message insistât sur les risques portés par la présence d’un groupe de virus dangereux pour les humains dans un laboratoire à la sécurité fragile, dont les virologues Chinois eux-mêmes disaient qu’il pourrait présenter des failles, l’alerte est restée lettre morte.

Pire encore, alors que les relations sino-américaines avaient viré au rouge vif, l’ambassade à Pékin perdit son accès au laboratoire.

*

On se gardera de conclure. Pour autant, depuis les 9 et 15 janvier 2020, dates officielles des deux premiers décès chinois, l’insistante question de l’origine véritable de la pandémie n’a pas été éclaircie.

Les doutes prirent même une résonance globale quand le Directeur Général de l’OMS lui-même a regretté les imprécisions du rapport sur ce point. On peut conjecturer qu’il a pesé ses mots.

Il est probable que son appréciation fut motivée par les informations croisées rapportant à la fois les inquiétudes des virologues chinois eux-mêmes sur la sécurité de leurs travaux et le foisonnement des expériences menées dans les laboratoires de haute sécurité, y compris celles ayant consisté à augmenter artificiellement la virulence des germes pathogènes.


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