›› Chronique

Arrivé en France en juillet l’ambassadeur LU Shaye a loué la coopération bilatérale pour défendre le multilatéralisme, mais a sévèrement critiqué le manque d’objectivité des médias français à propos de Hong Kong.
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La question de Hong Kong en effervescence depuis près de 4 mois vient de s’inviter dans la politique française par le truchement du nouvel ambassadeur de Chine Lu Shaye qui a pris ses fonctions à Paris à la fin juillet.
Le 3 septembre, celui que les médias anglo-saxons appellent parfois « The undiplomatic diplomat » publiait dans Le Figaro une tribune libre intitulée « La Chine ne dialogue pas avec l’émeute » dont le texte a été diffusé par l’Ambassade de Chine à Paris.
La dernière partie de cette note propose une analyse des risques posés par la rigidité politique du pouvoir chinois.
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Âgé de 55 ans, Lu entré au Waijiaobu en 1987, a été responsable des Affaires africaines (2009 – 2014) après y avoir été un des rédacteurs, puis le n°2. Il s’est aussi rapproché du cœur du pouvoir chinois quand il était Directeur du Centre d’analyse politique au Bureau des Affaires étrangères du Comité Central (2015 – 2017). Avant d’arriver en France, il a été Ambassadeur au Sénégal (2005 – 2009) et au Canada 2017-2019).
Dans ce dernier poste, à peine arrivé à Ottawa en 2017, Lu, sortant de son rôle, n’avait pas hésité à s’en prendre publiquement au gouvernement Trudeau pour lui suggérer de « négocier un accord de libre-échange avec Pékin plutôt que de se prosterner devant les journalistes canadiens préoccupés par les droits humains en Chine. »
Régulièrement il a aussi fustigé le caractère biaisé et calomnieux des articles de la presse canadienne sur les persécutions des Ouïghour.
Enfin en 2018 – 2019, Lu a eu à faire face à la polémique entre Pékin, Ottawa et Washington, autour de l’arrestation à Vancouver de Meng Wenzhou, fille de Ren Zhengfei PDG de Huawei.
C’est à cette occasion que, défendant bec et ongles les intérêts de Pékin avec une virulence tranchant avec l’habituelle discrétion des diplomates chinois, il avait dans un article publié dans « The Hill Times » le 9 janvier 2019, accusé les médias canadiens d’exprimer « l’égotisme occidental et la suprématie de la race blanche ».
Lire le paragraphe « Émotion et rancune chinoise à Ottawa »
L’article publié dans le Figaro un mois après son arrivée en France est dans la même veine. Décomplexé, tournant le dos aux traditions diplomatiques de retenue feutrée, il attaque de front les médias français et, dit-il, le parti-pris anti-chinois de leurs compte-rendu de la situation à Hong Kong.
Page suivante, le texte de son article qui dénonce un parti-pris des observateurs occidentaux n’évoquant jamais le point de vue de Pékin.
Une réalité passée sous silence était que, sous couvert du schéma « Un pays deux systèmes » négocié par Deng Xiaoping et Margaret Thatcher en 1984, les jeunes militants les plus radicaux, débordant la mouvance démocrate modérée, réclamaient qu’à l’échéance de cinquante ans des « deux systèmes », en 2047, l’ancienne colonie ne retourne pas au Continent, mais que son avenir soit soumis à un référendum qui pourrait éventuellement lui accorder l’indépendance.