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Les armes françaises en Asie

Alors que la France est classée 7e puissance militaire mondiale à l’aune des critères de Global Firepower, derrière les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud, [1], plusieurs informations dessinent la perspective d’une plus grande implication stratégique de Paris face à la menace chinoise.

La première est l’annonce d’un contrat aux dimensions historiques de vente à l’Inde de 36 chasseurs de combat Rafale F4 [2], de 6 avions ravitailleurs et d’une centaine d’hélicoptères multi-rôles AS 565 Panther.

Version militarisée du SA 365 Dauphin, le Panther peut être utilisé dans un large éventail de rôles militaires : appui feu, guerre anti-sous-marine, lutte anti-navires, recherche et sauvetage, transport de troupes, évacuation sanitaire et missions de renseignement (source Air&Cosmos).

La dimension du contrat, bonne nouvelle pour l’aéronautique militaire française, donne d’abord une idée de la volonté de modernisation rapide de l’armée indienne, dans une situation de tensions latentes avec la Chine.

Alors que Pékin est toujours sous l’embargo militaire européen pour la vente d’armes létales, le méga-contrat exprime aussi un positionnement stratégique par lequel la France s’insinue dans le concept de « dialogue quadrilatéral de sécurité ».

Bien que toujours plus formel que réellement opérationnel, l’arrière-plan stratégique du dialogue recèle clairement l’idée d’une résistance à l’expansion chinoise en Asie (lire : Pékin à Canberra : « Ne touchez pas aux intérêts vitaux chinois. » Brutalité et fragilités chinoises. Limites des discours d’ouverture.).

Le SNA Emeraude.

La deuxième information méritant attention est la présence annoncée par le Président français lors de ses vœux aux armées du 19 janvier du sous-marin nucléaire d’attaque Émeraude en Asie pour, a précisé le Chef de l’État, « manifester l’attachement de la France aux principes du droit de la mer ».

La présence militaire française permanente dans la zone Asie-Pacifique n’est assurée que par des frégates de surveillance dont la capacité de combat et d’affichage de puissance sont réduites au strict minimum. Au printemps 2019, Paris en avait fait les frais.

Le 6 avril 2019, le passage de la frégate Vendémiaire dans les eaux internationales du détroit de Taïwan avait provoqué une réaction courroucée de Pékin et l’annulation de l’invitation de la France aux cérémonies du 70e anniversaire de la marine à Qingdao, le 23 avril 2019. Le message était clair. Pékin et la marine chinoise signifiaient à la France de ne pas se mêler de la question de Taïwan, sous peine de représailles.

Lire à ce sujet le § « Les déboires de la frégate Vendémiaire. » de notre article : 70e anniversaire de la marine à Qingdao. L’Inde et le Japon en vedette. L’US Navy absente. Incident avec une frégate française.

Peu après, la volonté de Paris de montrer le pavillon français en Extrême-Orient s’était manifestée par l’envoi du porte-avions Charles-de-Gaulle dans l’océan indien avec une escale à Singapour, au moment où Florence Parly, la ministre des Armées, participait dans la Cité État au dialogue de sécurité dit de « Shangri-La » du 31 mai au 2 juin 2019.

Après quoi, le groupe aéronaval avait participé à un exercice naval franco-indien, confirmant le positionnement stratégique, proche de New-Delhi et de défiance à l’égard de Pékin.

A l’époque, le ministère de la défense français avait publié une déclaration qui, se référant au contexte géostratégique en mutation, était un message à peine voilé adressé à la Chine.

Il exprimait en effet la volonté de Paris de s’inscrire dans l’espace stratégique Indo-Pacifique pour y « réaffirmer l’importance du dialogue multilatéral, le rôle des institutions et organes de sécurité collective, ainsi que le caractère central du respect du droit international. »

Note(s) :

[1Le classement ne rend pas compte des écarts réels de puissance entre les États-Unis et leurs concurrents, puisque le budget du Pentagone de 740 Mds de $ dépasse la somme des budgets des dix pays suivants de la liste.

[2Version modifiée du Rafale F3 par l’intégration du missile air-air METEOR, d’un nouveau système Laser (désignation d’objectif et guidage des bombes) et l’amélioration de la connectivité et des capacités de combat en réseau, grâce à une refonte des logiciels et des équipements.


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