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›› Chronique

La sécurité anti-terroriste priorité de la Chine en Afrique

Erik Prince, 46 ans ancien officier des forces spéciales de l’US Navy et proche de la CIA, à la personnalité complexe, a crée en 1997, à 28 ans la société Blackwater, sous-traitant de sécurité pour le Pentagone et le Département d’Etat. La réputation d’efficacité du groupe, déjà entachée par de nombreuses affaires s’est effondrée quand, le 16 septembre 2007 à Bagdad, 4 de ses agents circulant à bord d’un convoi et se croyant attaqués, ont par erreur ou par panique, ouvert le feu à la mitrailleuse contre une foule de civils désarmés dont 17 ont été tués.

Selon le site « Intelligence on Line », et un article du Monde du 9 mars 2015, les services chinois, de plus en plus préoccupés par la sécurité de leurs ressortissants en Afrique, coopèrent étroitement avec Erik Prince, le fondateur de la société militaire privée « Academi » (ancien Blackwater Worldwide).

Face à un risque majeur et au-delà des affabulations commerciales ou logistiques qui entourent ce rapprochement, la Direction chinoise exprime ici son pragmatisme et n’hésite pas, y compris en des temps de fortes tensions stratégiques sino-américaines, à coopérer avec le créateur de la célèbre compagnie américaine, principal sous-traitant du Pentagone, formé de mercenaires assez souvent recrutés dans les anciens agents de la CIA et dont la réputation s’est effondrée en 2007 à Baghdad.

*

Certes la page est tournée. De même qu’est oubliée la réputation très sulfureuse de Blackwater, soulignée par la condamnation en octobre 2014 de 4 de ses agents accusés de meurtres pour avoir tué 17 civils en ouvrant le feu de manière indiscriminée dans une foule désarmée le 16 septembre 2007 à Baghdad [1].

Il reste que cette circonstance où Pékin néglige les risques pour sa réputation internationale, exprime à la fois l’urgence de la menace, le réalisme pratique et la reconnaissance de l’expertise d’Erik Prince dans le domaine de la sécurité anti-terroriste qui, quoi qu’on dise, devient peu à peu le souci n°1 de la direction du régime dans les zones à risques en Afrique.

Ancien membre des forces spéciales de l’US Navy vivant aux Émirats après avoir vendu sa société à un groupe d’investisseurs privés en 2010, Erik Prince travaille entre autres pour le compte du groupe Frontier Services Group (FSG) – (logistique, maintenance aérienne, transports aériens) dont l’actionnaire principal est le géant public chinois CITIC directement lié à la direction politique du régime à Pékin.

Lawrence Zhao ancien juriste de la sécurité d’Etat. (国家 安全部)

Lawrence Zhao PDG de Frontier Service Group, financé par la CITIC est un ancien juriste du ministère de la sécurité d’État. Sa coopération avec Erik Prince exprime sans ambiguïté la préoccupation de sécurité anti-terroriste de la direction du régime.

Le PDG de FSG est Lawrence Zhao, ancien juriste du ministère chinois de la sécurité publique (Guojia Anquan Bu 国家 安全部 -en abrégé Guo’anbu). Avant de prendre la direction de FSG pour le compte du gouvernement chinois – dans cette affaire l’affabulation « privée » est hautement improbable –, Zhao fut aussi le co-fondateur et le président d’une société chinoise spécialisée dans l’évaluation et la gestion des risques ainsi que dans les stratégies de sécurité des groupes chinois engagés à l’étranger.

A terme, Erik Prince qui possède des intérêts miniers en Afrique et travaille déjà pour des sociétés d’État au sud-Soudan et en Somalie, tout en se rapprochant des grands groupes chinois comme CNOOC, vise le marché de la logistique des entreprises d’État chinoises, ainsi que celle des unités de maintien de la paix de l’APL qui, marquant un tournant majeur avec les errements antérieurs, ont, au sud-Soudan, récemment été dotées d’une capacité directe de combat d’infanterie.

Dans cette perspective, l’arrière plan militaire et de sécurité d’Erik Prince constitue pour Pékin un atout de première grandeur alors que le Politburo anticipe que les nationaux chinois travaillant souvent dans des zones troublées seront de plus en plus menacés par l’hydre djihadiste internationale. Les risques sont d’autant plus concrets que la mouvance islamiste radicale, très active aux marches méridionales et occidentales de la Chine, avec des surgeons en Indonésie et en Malaisie, accuse Pékin de maltraiter les musulmans au Xinjiang.

Même si Erik Prince affirme que les agents du groupe ne sont pas armés et qu’il a tourné la page militaire, la marque sécurité-protection, complément indispensable de la logistique dans les zones à risques, est toujours très présente. C’est bien ce qui intéresse le gouvernement chinois.

L’ancien fondateur de Blackwater s’est en effet entouré de l’Amiral en retraite William Fallon (72 ans), ancien Commandant en Chef dans le Pacifique et ancien patron du Central Command, en charge des opérations de toute l’armée américaine dans le monde et de Jon Dolan ancien expert du renseignement électronique à Fort Gordon Georgie.

Dernièrement c’est Frontier Service Group qui s’est chargé du rapatriement des dépouilles des trois hauts responsables de China Railways tués le 20 novembre à Bamako lors de l’attaque terroriste contre l’hôtel Radisson Blu.

Lire aussi :
- La sécurité régionale et globale au cœur des réunions de l’APEC et de l’ASEAN
- Erik Prince : « Je suis en mission pour l’économie chinoise en Afrique »

Note(s) :

[1Aucun responsable de la compagnie ne fut condamné au procès, mais le drame attisa la vindicte de l’opinion publique aux Etats-Unis et dans le monde.


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