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›› Chronique

La fin annoncée des « made in China » bon marché ?

Le moral des patrons chinois, notamment ceux des PME exportatrices, est au plus bas car, selon eux, les produits chinois ne seront plus compétitifs par leurs prix. C’est du moins ce qu ‘on peut lire sur les forums de discussions de certains sites chinois. Cette opinion, assez répandue dans les milieux d’affaires, contraste fortement avec les récentes statistiques. Avec un excédent de commerce extérieur de plus de 100 milliards d’USD l’an dernier et un taux de croissance de 10% en projection annuelle pour 2006, celles-ci annoncent plutôt un avenir radieux. Poisson d’avril ou pessimisme sans fondement ? Evitons un jugement trop rapide et examinons les causes de cet état de déprime ambiante. Les entrepreneurs chinois, privés pour la plupart, avancent quatre arguments :

La première cause d’une anticipation négative est l’apparition d’une vive tension sur le marché de la main-d’œuvre. L’industrie chinoise, contrairement à celle de l’Occident, est axée sur les secteurs à forte concentration de main-d’œuvre. Malgré l’exode rural et l’arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi, la vigueur de la croissance fait sentir, surtout dans les villes côtières, un manque d’ouvriers et employés de faible qualification. Il en résulte d’une hausse de salaires d’un rythme annuel de 20% en moyenne à Canton, à Shenzhen et dans d’autres villes du sud de la Chine. La compétitivité des produits chinois basée sur les bas salaires se réduit donc comme peau de chagrin.

La hausse des prix des matières première vient ensuite accentuer le coût de revient des produits chinois. L’appétit des acheteurs chinois sur le marché mondial tire l’ensemble des prix vers le haut. Le pétrole d’abord, mais aussi le fer, le cuivre, le zinc et même le coton ont entamé depuis plusieurs années un long cycle de hausse. Jusqu’à maintenant, les entreprises chinoises tentent de contrôler les prix de ventes en rognant sur les marges tout en augmentant le volume de ventes, sachant que cette pratique comporte aussi ses limites.

S’y ajoute ensuite la hausse continuelle de pression fiscale. La croissance génère un besoin accru en infrastructure : transport ferroviaire et routier, télécommunications, énergie et protection de l’environnement, etc. Ces dépenses publiques engendrent à leur tour un taux de prélèvement en constante croissance sur les entreprises. Outre les taxes du gouvernement central, ceux des collectivités locales constituent le plus souvent un royaume d’arbitraire et un cauchemar pour les petits patrons. La corruption des fonctionnaires devient un moyen courant... d’allègement des impôts !

Enfin la parité du yuan face au dollar US est devenue un sujet de préoccupation. Après la réévaluation officielle de 2,1 % intervenue en juillet 2005, la tendance haussière du RMB, lente mais sûre, est depuis lors confirmée sur le marché des changes. Certes cette hausse a pour effet de compenser celle des importations de matières premières, mais elle renchérit aussi, jusqu’alors dans une mesure assez limitée il est vrai, les prix des ventes des produits chinois.

Hausse des salaires, des matières premières, des prélèvements obligatoires et du yuan constituent donc quatre cauchemars des entrepreneurs chinois. Une fois perdu l’avantage comparatif dont parlent Ricardo et Smith, « l’atelier du monde » perdrait sa raison d’être. Ce scénario catastrophe n’est certes pas pour demain mais ces signaux devraient nous inciter à prendre le pessimisme des patrons chinois au sérieux.


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