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›› Politique intérieure

Xi Jinping est-il fragilisé à la tête de l’appareil ?

Les humiliations passées et l’inflexible nationalisme des nouvelles générations.

Il est clair que désormais, n’acceptant plus aucune critique, notamment sur sa gouvernance intérieure, sur le traitement de ses minorités, sur les droits de l’homme, sur l’équilibre des échanges bilatéraux, ou encore à propos de Taïwan et en mer de Chine du sud, Pékin n’est plus enclin à trouver des terrains d’entente.

Avant même d’envisager une négociation, sa stratégie exige de ses interlocuteurs qu’ils capitulent et se rangent à ses revendications. Ici resurgit le complexe des avanies subies au XIXe siècle, qui conduit le Parti à assimiler toute concession d’une négociation à un humiliant abandon en rase campagne.

La fixité de cette mémoire outragée par l’Occident, constamment attisée par Xi Jinping lui-même, constitue un des plus importants obstacles à un apaisement, d’autant qu’à Pékin, a surgi l’idée que l’Amérique et ses alliés démocrates glissent inexorablement sur la pente du déclin.

L’analyse de Yan croisait aussi quelques réalités mises à jour par des enquêtes d’opinion, fond de tableau de ses réflexions. En mars 2021, une étude publiée par l’Académie des sciences sociales de Shanghai révélait une claire évolution des modes de pensée, de la génération post-2000 au moins dans les centres urbains.

En substance l’enquête, commentée par Yang Xiong, chercheur à l’Académie des Sciences sociales de Shanghai, montrait que les jeunes chinois avaient été moins sensibles qu’en Occident aux idéologies modernes destructrices de l’autorité et accordaient toujours une prévalence à l’idée de sacrifice au profit de la collectivité, de la réussite du pays, de sa prospérité et au sentiment connexe de patriotisme.

Alors que le statut global de la Chine s’est rehaussé de manière spectaculaire, la nouvelle génération nourrit, bien plus que par le passé, un sentiment de fierté identitaire et de confiance nationaliste.

En même temps, Yang reconnaissait en substance que le choc des cultures avec l’Occident portait un potentiel de tensions domestiques et internationales et, chez les plus jeunes, une tendance aux hyperboles nationalistes pas tout à fait en phase avec le courant majoritaire des aînés en général plus mesurés ou plus critiques.

Pour expliquer les excès nationalistes de la jeunesse, il mentionnait justement que la génération post-2000 était née à l’époque de l’enfant unique, qui favorisa à la fois leur égocentrisme et leur impatience.

Enfin, constatant à quel point la jeunesse était malgré tout tiraillée entre, d’une part, l’extraordinaire ouverture offerte par les connexions internet et, d’autre part, les traditions d’un pays toujours enfermé dans une vision culturellement autocentrée, il attribuait les tensions à « l’immaturité » de la jeunesse post-2000, elle-même le reflet de la « construction institutionnelle instable » (il faut traduire « absence de contrepouvoirs ») de la Chine contemporaine en cours de modernisation.

« Il s’agit là de son système de gouvernance » dit Yang Xiong qui abordait à mots couverts le sujet très sensible de ce qu’il estime être le « point clé de la modernisation politique de la Chine ».


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