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Dans la nuit du 11 au 12 janvier, la Chine a réussi son premier essai d’une arme anti-satellite en lançant un missile balistique de portée moyenne programmé pour frapper le satellite météo Fengyun, en service sur orbite depuis 1999, à quelques 800 km de la Terre.
Le Feng Yun a probablement été détruit par l’effet cinétique de l’impact dans l’espace. Il en reste un nuage de plusieurs centaines de morceaux et de millions de débris mesurant moins de dix centimètres. Ce nouvel obstacle spatial, dangereux pour les satellites en service, mettra d’ailleurs vingt à trente ans à disparaître.
Toute l’opération a été suivie par les satellites et les radars américains. Bien que le missile anti-satellite soit une arme déjà mise au point par les Américains et les Soviétiques dans les années quatre-vingts, son développement avait été ralenti par la suite. Les Chinois et les Russes ont tenté pendant plusieurs années d’obtenir la signature d’un traité international interdisant les armes spatiales.
Mais aux Etats-Unis, l’administration Bush refuse de limiter les essais et s’est lancée dans une politique spatiale ambitieuse et en partie secrète, visant à se doter d’armes spatiales défensives et offensives, incluant croit-on, des missiles et lasers anti-satellites.
Dans ce contexte, à Washington, l’exploit chinois fait presque figure de provocation. Parlant au nom de la Maison Blanche, le Conseil National de Sécurité a diffusé une déclaration selon laquelle “le développement et l’essai par la Chine de telles armes est incompatible avec l’esprit de coopération auquel les deux pays aspirent dans le domaine spatial civil”.
Dans l’immédiat, Pékin crée, dans quelques années, une menace potentielle contre les satellites espions américains (à une altitude plus basse que Fengyun). La Chine pourra théoriquement aveugler le dispositif US non habité de surveillance et d’information opérationnelle. Les Etats-Unis sont dorénavant bien obligés d’en tenir compte.