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Qu’en est-il du « piège » chinois de la dette ?

Au Sri-Lanka, l’image de la prévalence chinoise est plus floue.

L’autre alerte financière liée à la dette vient de surgir au Sri Lanka où le gouvernement du très nationaliste président Gotabaya Rajapaksa manque de ressources pour honorer les traites des 15 Mds de $ contractées par le pays. En 2020, Pékin avait injecté en urgence 500 millions de $, partie d’un prêt plus large de 1,2 Mds de $ de la Banque de développement.

La vérité oblige cependant à dire que l’accumulation des créances et les déficits des finances publiques est loin d’être uniquement nourrie par les prêts chinois. Il est vrai que la proximité entre Pékin et Colombo, stratégiquement située sur la route du pétrole au sud du rival indien, est ancienne et, comme ailleurs, étonnamment stable.

Lire : La huitième perle.

D’abord pour contredire les analyses négatives de l’action de la Chine, on ne peut pas nier que les finances chinoises et l’implication économique de Pékin ont, depuis plus de vingt ans, constitué un élément d’apaisement important dans un pays aux prises avec l’insurrection des Tamuls, ayant entre 1972 et 2009, causé la mort d’au moins 80 000 cinghalais.

Au milieu d’un désastre humain et économique et à un moment où, déjà, le pays souffrait d’une crise de liquidités et d’un grave déficit de la balance des paiements, l’investissement chinois dans le port stratégique de Hambantota a apporté la salutaire marge de manœuvre d’un milliard de $ d’investissements directs qui remirent à flots les réserves de change du pays.

En 2017, les groupes chinois cherchèrent à sécuriser leurs finances en exigeant du gouvernement sri-lankais en rupture de paiement qu’il leur accorde la location à bail du port pour 99 ans.

*

En 2016, le précédent gouvernement de centre droit avait déjà fait appel au FMI qui lui accorda un prêt de 1,5 Mds de $. Mais l’actuel pouvoir, jaloux de son indépendance y a mis fin en novembre 2020, pour tenir à distance l’interférence politique de l’agence internationale que Colombo accuse de « colonialisme ». En revanche, il n’a pas remis en cause un prêt chinois de 1 Mds de $, contracté en 2018 par ses prédécesseurs [2].

A l’été dernier, la dette extérieure cumulée avait atteint 50,8 Mds de $ empruntés sur les marchés, alors que la part chinoise était à 10% (5 Mds de $) à peine supérieure à celle du Japon à 4,4 Mds de $.

Mais, en 2021, selon la banque mondiale, le service de la dette payé à la Chine sera encore de 1 Mds de $, autant que le total des intérêts payés aux autres créditeurs (Banque Asiatique de développement : 400 millions de $ ; Japon : 200 millions $ ; Inde : 200 millions $ ; FMI : 80 millions $).

A l’automne 2020, ponctionnant ses réserves de change qui plongèrent de 7,7 Mds de $ à 4,8 Mds de $ (moins 37 %), le gouvernement avait honoré 1 Md de $ d’obligations d’État lancées sur son fond souverain. Mais d’autres échéances encore plus lourdes se profilent à raison de 4 à 5 Mds de $ par an pour les trois prochaines années.

En arrière-plan la stratégie politique de rejet du FMI qui n’est pas isolée en Asie. Durant la crise asiatique des années 90, Mahatir avait déjà fait savoir qu’il ne suivrait pas les recommandations du Fonds. Aujourd’hui le choix de rejeter le FMI laisse peu d’alternatives, en dehors des Chinois.

Mais eux-mêmes commencent à comprendre que les stratégies d’emprunts du pays hésitant au gré de la couleur politique des gouvernements entre le FMI, les marchés internationaux et la Chine, pourraient conduire Colombo à utiliser les finances chinoises pour honorer ses dettes à l’Occident.

Note(s) :

[2Après quoi, il avait, toujours en 2018, rejeté la proposition d’une autre banque chinoise de racheter la totalité des obligations émise sur la dette souveraine du pays.


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