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›› Chronique

« Plan de paix chinois. » Réalités et intentions cachées

ANNEXE.
Position chinoise sur le règlement politique de la crise ukrainienne.

Les douze points publiés le 24 février, dont il faut bien reconnaître qu’ils énoncent à la fois des grands principes et des évidences, n’évoquent aucun des points concrets au cœur des tensions entre la Russie et l’Ukraine.

Rendus publics sans que Kiev ait été consultée, nourrissant ainsi l’accusation de parti-pris, ils n’évoquent ni l’agression russe, ni le rattachement illégal des territoires du Donbass, ni le risque d’escalade porté par l’intention de V. Zelinsky de reconquérir la Crimée.

1. Respecter la souveraineté de tous les pays.

Tout en dénonçant « le double standard » et en prônant l’équité des relations internationales quels que soient les pays « grands ou petits, forts ou faibles, riches ou pauvres », Pékin oublie que sa stratégie de puissance en Asie Pacifique, notamment à l’égard des riverains de la Mer de Chine du sud contrevient précisément à ce principe.

L’un des plus remarquables exemples récents de cette réalité fondée sur la culture chinoise de puissance tutélaire est la réponse faite à Hillary Clinton par Yang Jiechi, alors haut responsable de la politique étrangère de Pékin, membre du Bureau Politique et ancien ambassadeur aux États-Unis.

Lors d’une réunion de l’Asia Regional Forum (ARF) à Hanoi de juillet 2010, à Hillary Clinton qui faisait valoir que les réclamations chinoises sur toute la mer de Chine étaient juridiquement invalides, ce qui, six années plus tard sera confirmé par un jugement de la Cour d’arbitrage de La Haye (lire : Arbitrage de la Cour de La Haye. Tensions et perspectives d’apaisement) rejeté par Pékin, Yang avait répondu, fixant directement le Ministre des Affaires étrangères de Singapour Georges Yeo « La Chine est un grand pays et les autres sont tous de “petits pays“, c’est un fait  ».

2. Abandonner la mentalité de guerre froide.

Tout en reconnaissant « qu’il n y a pas de solution simple à un problème complexe  », le point reprend la position de Moscou indiquant que depuis 1999 l’OTAN n’a cessé de menacer la Russie. Il utilise la formule sans aller dans le détail.

« Les intérêts et préoccupations légitimes en matière de sécurité de tous les pays doivent être pris au sérieux et traités correctement.  » et « Toutes les parties doivent s’opposer à la poursuite de leur propre sécurité au détriment de la sécurité des autres, empêcher la confrontation des blocs et travailler ensemble pour la paix et la stabilité sur le continent eurasien.  »

Il passe sous silence qu’après avoir vécu 70 ans sous la botte soviétique les pays de l’Est de l’Europe, échaudés, n’ont pas rejoint l’OTAN sous la pression américaine mais portés par les grandes figures de l’ouverture comme Lech Walesa et Vaclav Havel.

Il en est de même des Pays Baltes qui exprimèrent une défiance à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine qui, lors des « grandes fêtes » patriotiques continue à promener, entouré d’un garde vêtu d’un costume proto-impérial, l’emblème rouge de la faucille et du marteau de l’URSS à laquelle ils furent incorporés contre leur gré en 1941.

3. Cessez les hostilités.

Le point qui est un appel à la désescalade, rappelle l’évidence que les guerres ne profitent à personne. Mais, insistant sur le risque d’un dérapage « hors contrôle », il affaiblit la position d’arbitre de Pékin en oubliant de préciser que l’Ukraine a été agressée par la Russie.

4. Reprendre les pourparlers de paix.

Rappelant également l’évidence de la nécessité d’un dialogue, le point se heurte au jusqu’au-boutisme des deux parties dont aucun n’exprime sa disponibilité à abandonner l’action armée.

5. Résoudre la crise humanitaire.

Le point qui appelle à une action de l’ONU, évoque la nécessité vertueuse de protéger les civils et de mettre en place des couloirs humanitaires. Il omet de préciser que la presque totalité des civils blessés ou tués (au total plus de 20 000 en février 2023) sont ukrainiens, victimes de frappes à longue distance russes.

6. Protéger les civils et les prisonniers de guerre.

Alors que des enquêtes sont en cours pour attester des crimes de guerre en Ukraine, Pékin soutient l’échange de prisonniers et le respect du « droit de la guerre » : « Eviter d’attaquer des civils ou des installations civiles, protéger les femmes, les enfants et les autres victimes du conflit ».

7. Garantir la sécurité des centrales nucléaires.

La Chine s’oppose aux attaques armées contre des centrales nucléaires ou d’autres installations nucléaires pacifiques et appelle toutes les parties à respecter le droit international, y compris la Convention sur la sûreté nucléaire (CNS), et à éviter résolument les accidents nucléaires d’origine humaine.

Pékin dit aussi soutenir l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans son rôle constructif dans la promotion de la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires pacifiques. Mais début janvier 2023 Rafael Grossi Directeur Général de l’AEIA expliquait que La négociation d’un accord sur une zone de sécurité autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia sous contrôle russe devenait de plus en plus difficile en raison de l’implication de l’armée dans les pourparlers.

8. Réduire les risques stratégiques.

Visant d’abord directement Vladimir Poutine, ce point prohibe la menace ou l’utilisation d’armes nucléaires. En même temps en s’opposant à « la recherche, au développement et à l’utilisation d’armes chimiques et biologiques », le point semble cautionner les rumeurs selon lesquelles les États-Unis auraient installé des laboratoires de recherche d’armes chimiques et biologiques en Ukraine. En mars 2022, le Département d’État avait démenti l’allégation.

9. Faciliter l’exportation de céréales.

Pékin appelle toutes les parties à mettre en œuvre « de manière complète, efficace et équilibrée, l’Initiative pour les céréales de la mer Noire signée par la Russie, la Turquie, l’Ukraine et l’ONU ».

10. Mettre fin aux sanctions unilatérales.

Pour la Chine, elle-même visée par la politique punitive de Washington, les sanctions et les pressions unilatérales appliquées par les pays occidentaux ne font que créer de nouveaux problèmes. Seules devraient être appliquées celles autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU.

11. Maintenir l’approvisionnement des chaînes industrielles.

La Chine dit « s’opposer à l’utilisation de l’économie mondiale comme outil ou arme à des fins politiques. » et appelle à « des efforts conjoints pour atténuer les retombées de la crise qui perturber la coopération internationale dans les domaines de l’énergie, de la finance, du commerce alimentaire et des transports et de saper la reprise économique mondiale. ».

Elle oublie cependant qu’elle-même utilise les restrictions à son marché comme une arme internationale contre ceux qui s’opposent à sa stratégie du « fait accompli » en mer de Chine du sud et à ses démonstrations de force dans le Détroit de Taïwan.

12. Promouvoir la reconstruction post-conflit.

« La communauté internationale doit prendre des mesures pour soutenir la reconstruction post-conflit dans les zones de conflit. La Chine est prête à fournir une assistance et à jouer un rôle constructif dans cette entreprise. » Le souci est général.

Sur le site de l’Ambassade de France en Pologne on lit que « La reconstruction de l’Ukraine commence dès maintenant. Le constat fut celui de tous les participants au salon « REBUILD UKRAINE » tenu à Varsovie les 15 et 16 février 2023. L’événement avait pour objectif de présenter les solutions des entreprises étrangères aux municipalités ukrainiennes et de faire connaître les besoins de ces dernières aux entreprises. Les sommes en jeu dépasseront le Trillon de $.


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