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›› Politique intérieure

La « Troisième résolution historique » place Xi Jinping au pinacle de l’appareil

Le 16 novembre dernier, cinq jours après le 6e plenum, le Parti a rendu publique la « troisième résolution historique » des cent dernières années, évoquée dans notre article du 14 novembre. Elle s’inscrit dans la continuité historique des deux premières promulguées sous Mao et Deng, les seuls dirigeants historiques ayant droit de cité à ce niveau de célébration dans cette filiation politique revisitée par l’appareil. Lire : Vers le 20e Congrès, un sixième « plenum » pour Xi Jinping.

En dépit de ses « erreurs - 错误 - » du « Grand bond en avant - 大跃进- » et de la « Révolution culturelle- 人民公社化运动 - » clairement mentionnées dans un paragraphe de la résolution, Mao, ayant triomphé des dissidences internes du radicaliste Wang Ming, influencé par le Komintern, puis de son principal rival Zhang Guotao [1], est célébré comme le vainqueur de la guerre civile contre les Japonais.

Surtout, le fondateur de la République populaire est crédité d’avoir libéré le pays de l’impérialisme étranger et d’avoir mené à bien des accomplissements de grande ampleur.

Les anticipations de la plupart des analystes étaient justes. Le document confirme que l’appareil est plus étroitement que jamais placé sous la coupe sans partage de Xi Jinping. Dans une ambiance générale exprimant de manière inédite depuis Mao le retour du culte de la personnalité du n°1, la résolution diffuse la certitude que le pays sera « guidé » par lui aussi longtemps qu’il vivra.
Son texte intégral a été publié par Xinhua en anglais.

Il est intitulé : « Résolution du Comité Central sur les réalisations majeures 重大成就 et les expériences historiques du Parti communiste chinois au cours des cent années de lutte – 百年奋斗. (Texte complet en Chinois).

Si les déclarations du Parti sont souvent ambiguës, cette fois ce n’était pas le cas. Alors que le nom de Mao apparaît 18 fois, celui de Deng six fois et celui de Hu Jintao une seule fois, Xi Jinping est cité 22 fois. Plus de 50% du texte est consacré à ses réalisations et aux changements qu’il a initiés depuis 2012 dans tous les domaines. Qu’ils soient sociaux, économiques, politiques ou de relations internationales.

A une semaine d’intervalle, le ton claironnant de la résolution répétait la déclaration du Comité Central du 6e Plenum, selon laquelle, « sous la direction de Xi Jinping, la Chine avait accompli des réalisations et connu des transformation historiques ».

Ainsi réécrite sans fausses notes, l’histoire de l’appareil devient à moins d’un an du 20e Congrès, le socle d’une campagne d’endoctrinement appuyée par une loi destinée à réprimer ceux qui critiquent les héros de la Chine. Son but : hausser la réputation de Xi Jinping à la hauteur des figures historiques et intouchables de République Populaire.

Un durcissement sur fond d’inquiétudes.

La séquence qui n’exprime aucune nuance ni compromis, laisse présager plus de durcissement hostile à l’égard des systèmes démocratiques à l’occidentale. Il serait cependant erroné d’assimiler cette fermeté à l’expression d’une assurance politique dépourvue de doutes internes. Ils existent, mais ils sont attribués à la faible détermination des prédécesseurs de Xi Jinping.

Les difficultés et les menaces, dit la résolution, se sont accumulées avant 2012, conséquence des convictions hésitantes de certains membres de l’appareil qui laissèrent la situation dériver. On cite la corruption, la discipline politique hésitante, le schéma de croissance inefficace et les ravages de la pollution industrielle.

Tel est le fond de tableau de la déclaration du Bureau politique du 18 novembre à l’issue de la réunion sur la sécurité nationale 国家安全战略政治局召开会议 pour la période 2021 – 2025. Elle laisse clairement percer une inquiétude dont l’insistance tous azimuts exprime une paranoïa contredisant l’apparence d’une certitude sans failles. François Danjou avait signalé cette contradiction à la p.2 de l’article Xi Jinping – Biden : une vidéo-conférence tendue et sans réelle substance.

Avec des accents paranoïaques, le communiqué du BP mettait en garde contre « les risques idéologiques menaçant sécurité du système politique ; contre la remise en cause la stabilité industrielle et financière ; contre une rupture de la suffisance alimentaire du pays et la remise en cause de son indépendance technologique ainsi que de son approvisionnement en ressources stratégiques ; enfin contre toutes sortes d’infiltrations et entreprises subversives et disruptives ».

Note(s) :

[1Lire à ce sujet « Mao, l’histoire inconnue » de Jung Chang et Jon Halliday, Tome 1 p. 306 à 337- Gallimard, 2005)


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