Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Taiwan

L’œil sur la crise en Ukraine, la querelle des concepts de défense. L’implication américaine en question

Le défi existentiel d’une attaque directe contre l’Île.

Non seulement la traversée de vive force du Détroit serait compliquée par la panoplie taïwanaise des missiles antinavires « Harpoon » achetés aux Américains et par les capacités de riposte sur le Continent des missiles longue portée taïwanais, mais encore l’exemple ukrainien a montré qu’une agression militaire rallierait un vaste mouvement anti-chinois aggravant encore l’isolement de Pékin et les sanctions qui frappent la Chine.

Surtout, le Parti communiste chinois a haussé la réunification à un tel niveau d’exigence vitale, qu’un échec ou même seulement de graves difficultés pourraient avoir des conséquences dramatiques pour la légitimité politique même de l’appareil. Le risque avait été identifié en mai 2020 par le Général à la retraire Qiao Liang. Pour lui, une agression militaire de l’Île par l’APL détournerait inutilement la Chine de l’objectif de montée en puissance et du rêve chinois énoncé par Xi Jinping depuis 2013.

La « Renaissance nationale – Guojia Fuxing - 国家 复兴 - », écrivait-il, « ne doit pas être stoppée (断) par un conflit militaire 中国的复兴虽未必会被此一战 打 断 ».

Alors que, depuis le 19e Congrès de 2017, suite au raidissement anti-occidental de la Chine en réaction aux condamnations de sa politique de harcèlement des Ouïghour au Xinjiang, les liens avec l’Europe se sont également dégradés, Pékin a amandé sa stratégie de reconquête militaire directe de l’Île, d’autant que les difficultés de l’armée russe en Ukraine incitent à peser les risques.

L’option d’une stratégie « grise ». « Soumettre sans combattre. »

Le maître-mot remet au premier plan le concept de « zone grise », en réalité une option déjà ancienne des stratèges chinois, visant, selon le précepte de Sun Zi, à soumettre sans combattre, en activant tous les leviers de pressions possibles qu’ils soient économiques, culturels, psychologiques, politiques et diplomatiques.

Actuellement à l’œuvre avec une intensité croissante, la stratégie est une campagne d’intimidation, de séduction, de harcèlement et de désinformation visant à réduire progressivement la capacité de résistance des Taïwanais au projet de réunification de Pékin.

Alors que le Parti a organisé une opération planétaire de distribution de vaccins, parfois en imposant aux petits pays l’abandon de leurs relations avec Taïwan, dans le domaine économique, il a, ces derniers temps, décidé de suspendre certaines importations agricoles en provenance de Taïwan, notamment les ananas et des poissons d’élevage.

Dans la sphère culturelle, des stars taïwanaises de la « pop music » sont discréditées par de violentes campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux quand elles témoignent en faveur de l’Île. Le premier ministre Su Tseng-chang a, avec d’autres, été ciblé comme « responsable à vie » et accusé du crime d’être un « indépendantiste obstiné », dont il devra rendre des comptes jusqu’à la fin de ses jours.

S’il est vrai que la jeunesse se détache des racines chinoises, en revanche, les plus anciens nostalgiques du Continent sont séduits par les initiatives de Xi Jinping. En 2016, un groupe de généraux taïwanais à la retraite avait fait scandale à Taïwan lorsqu’à l’invitation du n°1 chinois, ils assistèrent aux cérémonies du 150e anniversaire de Sun Yat-sen et chanté au garde-à-vous l’hymne national chinois.

A l’automne 2021, le général à la retraite du corps des marines Chi Lin-liang, qui préside un caucus d’anciens combattants nés sur le continent a provoqué un concert d’indignation pour avoir publiquement nuancé la gravité des incursions quasi quotidiennes d’avions de l’APL aux abords de la zone d’identification aérienne de l’Île, soulignant, avec raison, que les chasseurs n’avaient pas pénétré dans l’espace aérien taïwanais.

Il n’en reste pas moins que la saturation de l’information publique par l’idée d’un risque de guerre contribue à affaiblir la résistance psychologique des Taïwanais. Les experts de la défense soulignent le défi à long terme posé par de telles opérations sur la résilience de Taïwan.

Lee Guan-cheng de l’Institut de recherche sur la défense et la sécurité conclut que Pékin suit une stratégie à deux volets. Les survols créent un environnement de peur, tandis que la responsabilité de provoquer des tensions est imputée aux « ambitieux politiciens de Taïwan ». Le tout est censé donner l’impression que Taïwan fait face au choix binaire d’être soit pacifique quand elle est favorable à la Chine, soit dangereusement fauteur de guerre quand elle résiste à ses pressions.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Regards sur l’inquiétude des aborigènes et le durcissement de la Chine

Manoeuvres législatives

Présidentielles. Victoire de Lai Qing De ; net recul législatif du Min Jin Dang. Souple et pragmatique, Ko Wen-je renforce sa position d’arbitre

Présidentielles 2024 : Lai toujours favori. L’écart avec Hou se resserre. Les perspectives du scrutin législatif se brouillent

Promouvoir la démocratie et les libertés pour échapper au face-à-face avec Pékin