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›› Chronique

Hong Kong, rappels historiques et essai de perspective

L’inflexible exigence du centralisme unificateur.

Aux insistantes questions politiques, Pékin n’a répondu que par la menace (Xi Jinping le 1er juillet 2017 à Hong Kong : « Toute idée politique niant la souveraineté de Pékin menacerait la sécurité de la Chine franchirait une ligne rouge.  ») et la promesse d’un développement intégré à la Chine.

La fermeté inflexible est assortie du projet de la « Grande Baie » de Zhuhai lancé la même année, visant à intégrer Hong Kong et les villes de la province voisine de Canton dans une région plus vaste, capable, disent les Chinois, de rivaliser avec la baie de San Francisco ou avec celle de Tokyo pour stimuler les innovations et le développement.

A Hong Kong, les opposants au projet estiment qu’il fera perdre à la R.A.S sa spécificité ainsi que son statut de hub financier et de passerelle entre l’Occident capitaliste et la Chine. Surtout, en focalisant uniquement sur les sempiternels avantages du développement, le Parti manque l’essentiel à la racine des tumultes : le goût de la liberté.

L’intransigeance et l’angle mort politique se retrouvent à propos de Taïwan, où l’obsession de réunification occulte les deux fractures que furent la démocratisation de l’Île en 1988, par Jiang Jingguo, le propre fils de Tchang Kai-chek et le surgissement dans le paysage politique du mouvement indépendantiste.

Alors que tous partis confondus, les Taïwanais sont hostiles à la réunification avec une Chine dirigée par le Parti Communiste, le manque de considération politique pour la voix du peuple est d’autant plus grave que Tsai Ing-wen est en train de transformer sa candidature à la présidentielle de 2020 en un symbole démocratique international face à l’intolérance intraitable d’un pouvoir autocrate.

Pour le moment la stratégie de la présidente porte ses fruits, puisque les sondages la replacent en position favorable pour le scrutin présidentiel de janvier 2020.

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En mer de Chine du sud, réclamant la totalité de l’espace maritime au sud de Hainan grand comme la Méditerranée, aux arguments du droit de la mer, Pékin oppose également, au nom de l’histoire et de son influence culturelle, un discours souverainiste inflexible et obstiné.

Dans ces trois cas, l’entêtement territorial hérité du complexe centralisateur fait aveuglément l’impasse sur le monde tel qu’il a évolué, développant une philosophie politique opposée aux valeurs occidentales du droit et de la démocratie dite « du socialisme aux caractéristiques chinoises ».

Avec comme ligne de conduite inflexible, l’ancestral impératif centralisateur datant du premier Empire, 2 siècles avant JC dont l’exigence croise le souci de prévalence du parti unique aux racines marxistes léninistes, le Régime n’hésitera pas à intervenir directement s’il pressent que l’appartenance de Hong Kong à la Chine est directement remise en cause par les manifestants.

En même temps, dans la R.A.S, elle paierait son tribut aux émotions nationalistes renvoyant au souvenir des humiliations subies au XIXe siècle.

A Taïwan, l’exigence répond tout autant à l’impératif unificateur, fondant la légitimité du Parti, tandis que la réaction brutale à une déclaration d’indépendance de l’Île écluserait les contentieux de la guerre civile avec Tchang Kai-chek et réaffirmerait la souveraineté de Pékin datant de la dernière dynastie.

L’autocratisme triomphant contre les fragilités démocratiques.

Au fonctionnement ouvert et parfois chaotique des sociétés occidentales, traversées par des doutes et des ratés dont les moindres ne sont pas la désaffection électorale et l’invasion populiste des réseaux sociaux, la Chine propose son modèle autocrate dont l’efficacité a commencé à séduire quelques pouvoirs en Europe dits Illibéraux

Ajoutons que, tirant profit de cette tendance, depuis quelques années Pékin qui le nie, s’est engagé dans une stratégie européenne dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle devient un obstacle à l’unité de l’UE en développant des relations avec 16 pays des PECO + la Grèce et l’Italie.

Au point que, quand il s’agit de condamner l’impérialisme de Pékin en mer de Chine du sud, Bruxelles ne parvient plus à rassembler les votes des 27 pour une déclaration commune.

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La direction politique du régime voit dans cette faiblesse des démocraties sa principale marge de manœuvre pouvant l’autoriser si nécessaire à un coup de force à Hong Kong ou Taïwan. Aujourd’hui, dans le monde nombre de pays jugent en effet que les systèmes politiques libres et ouverts sont inadaptés aux crises.

En Chine, les adeptes de l’harmonie confucéenne essentiellement conservatrice et favorable au pouvoir en place, philosophiquement opposée au principe libertaire et à la prévalence des contraires du Taoïsme, jugent que les débats démocratiques génèrent des clivages dangereux pour la cohésion nationale et plombent la capacité d’action du pouvoir politique.

Enfin, dépassant ses contradictions internes par sa vaste vision du grand large proposée par ses « nouvelles routes de la soie », Pékin espère aussi se donner un espace de riposte aux valeurs occidentales grâce à la longue cohorte des pays en mal de capitaux ayant accepté de s’embarquer avec elle dans ses projets d’infrastructures, par lesquels elle tente de se replacer au centre du jeu.

Lire à ce sujet : Controverses globales autour du traitement des Ouïghour. Pékin rallie un soutien hétéroclite et brouille la solidarité des musulmans.


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