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›› Editorial

Crise de confiance, crise démographique et retours de flamme politiques. La brutalité de l’exécutif en question

Imperturbable brutalité révolutionnaire.

Depuis la brutalité de la politique de l’enfant unique, le style hérité de l’implacable férocité révolutionnaire maoïste n’a que très peu évolué.

Passée sans préparation de l’obsession de fermeture totale d’une stratégie improbable d’élimination totale du virus pandémique à une soudaine volte-face d’ouverture tout aussi draconienne, la stratégie de Xi Jinping a elle aussi été critiquée par des experts dont la parole a été mise sous le boisseau.

En janvier 2021, Le Dr Zhang Wenhong, 张文宏, spécialiste des maladies infectieuses et un des virologues les plus populaires de Chine sur les réseaux sociaux, avait en janvier 2021 exprimé des doutes sur les stratégie « zéro-covid » qu’il assimilait à « une chasse aux souris dans un bazar chinois. 中国瓷器店里打老鼠 ».

Non seulement il n’a pas été écouté, tout comme en 2005, on n’avait pas tenu compte des conseils de prudence sociodémographique du professeur Wang Fen de Fudan, mais lui-même s’est par la suite converti au blocage total, non sans avoir d’abord exprimé la crainte que la « vie des gens en serait affectée  ».

Les récents chiffres démographiques publiés le BNS, selon lequel la Chine a en 2022 accusé un déficit de naissances de 850 000 (9,56 millions naissances contre 10,41 Millions décès), confirment les prévisions du professeur YI Fuxian, obstétricien gynécologue, vivant aux États-Unis, auteur de « Big country with en Empty Nest 大国空巢 Da Guo Kong Chao », datant de 2007.

« Big country with an empty nest » et prise de conscience.

L’étude du professeur YI très controversée, y compris par ses collègues chinois expatriés, suggérait déjà que depuis 1991 la Chine avait seulement eu 377, 6 millions de naissances au lieu des 464,8 millions officiellement annoncés, laissant entendre que le chiffre officiel de la population, à l’époque de 1,38 millions, était faux.

Dans ses écrits, Yi prévoyait aussi que le coup de barre démographique limiterait la croissance économique, signifiant que la Chine ne pourrait jamais rivaliser avec les États-Unis. Au passage, avec quinze années d’avance, il anticipait que le pays aurait bientôt comme le Japon un taux de natalité négatif et une population en déclin.

Ses analyses étayées avaient cependant choqué le Parti. Son livre fut d’abord interdit en Chine. En 2010, l’appareil lui avait même signifié qu’il serait arrêté s’il tentait de revenir dans son pays dont il avait gardé la nationalité. Le motif avancé par le régime était qu’il avait aidé sa belle-sœur à échapper à un avortement forcé ordonné par la bureaucratie.

La suite est cependant marquée par une prise de conscience du désastre. En 2015, près de quarante après le lancement de la politique de l’enfant unique, dénoncée depuis des lustres par plusieurs démographes chinois indépendants et lucides, le Parti autorisait les couples à avoir deux enfants. En 2021, il a élargi les autorisations à trois enfants, mais suscitant peu d’enthousiasme.

Lors du 20Ie congrès Xi Jinping en a parlé comme un défi national, soulignant l’augmentation du nombre de séniors. Alors que la piété filiale, le respect des parents, des aînés et des ancêtres, restent des vertus profondément enracinées en Chine, en novembre 2022, le Lancet publiait une analyse sans fard de la situation et proposait des solutions.

L’exigence de mieux soigner les séniors.

« Le développement économique rapide, ainsi que la montée de l’individualisme et la réduction de la taille des familles, ont érodé le statut social des personnes âgées. Ce changement coïncide avec une augmentation considérable du nombre de personnes âgées. ». Précisant que « de nombreux pays sont confrontés au vieillissement de leur population », le rapport constate cependant que c’est la Chine qui désormais abrite la plus vaste population de personnes âgées au monde.

En 2019, 254 millions de personnes en Chine étaient âgées de 60 ans ou plus. D’ici 2040, ce nombre devrait passer à 402 millions, soit environ 28% de la population », tandis que les prévisions tablent sur une chute de 48% de la population d’ici 2100.

Les solutions proposées sont à la fois techniques, politiques et structurelles. Elles exigeront, dit le rapport une puissante détermination de l’exécutif à maintenir la population vieillissante en bonne santé.

Le premier pas sera de modifier le système et le lieu de prestation des soins. Avec la prévalence d’un taux important de séniors atteints de comorbidités et un fort contraste de la qualité des soins entre les zones rurales et urbaines et même entre les hommes et les femmes, les défis ne pourront pas être relevés seulement en augmentant le nombre de gériatres et d’infirmières dans les hôpitaux.

Pour éviter l’encombrement des hôpitaux et de leurs soins intensifs, la stratégie devra s’appuyer sur les communautés et les familles en focalisant d’abord sur les personnes et non pas sur la maladie. Le changement de paradigme impliquera d’inverser la tendance à se rendre d’abord aux urgences en contournant les soins primaires, dont les réseaux devront être considérablement augmentés, compte tenu de l’afflux prévu de 14 millions de nouveaux séniors d’ici 2030.

Une autre priorité consistera à augmenter drastiquement la capacité du système de santé à dispenser des traitements de longue durée personnalisés. A cet effet il sera nécessaire de multiplier le nombre de personnes capables de dispenser des soins primaires, y compris au sein d’équipes mobiles et des consultations en ligne.

Enfin, le besoin de changement va au-delà du système de santé. Il renvoie à une des dangereuses lacunes structurelles mal gérées par le régime, qui a laissé s’installer de fortes inégalités sociales, dont les personnes âgées issues de milieux défavorisés feront les frais. La correction de ces faiblesses passe par l’augmentation des budgets sociaux destinés à subventionner les soins des plus pauvres, notamment dans les zones rurales.


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