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›› Taiwan

A propos du possible renouveau d’un important contrat industriel français à Taïwan

Wei YanNian, revient ici sur son projet de recyclage en France des combustibles nucléaires usés de Taiwan, dont l’accumulation a saturé les piscines des réacteurs de ChinShan (deux unités) et de KuoSheng (deux autres), retarde leur démantèlement.

Outre qu’il débarrassera l’Île de ses combustibles usés, réglant ainsi la question du démantèlement, le projet permettrait, dans le contexte bien connu de pénurie d’électricité (lire : Pannes à répétition et sécurité énergétique), de prolonger l’exploitation de l’un des quatre réacteurs, pour faire face au risque de délestage — qui peut être très dommageable pour l’industrie des semi-conducteurs dont Taiwan (avec TSMC entre autres) est le leader mondial.

Alors qu’à Taïwan la nécessité de régler la question du sort des combustibles usés pourrait rapidement faire consensus, les savoir-faire français du retraitement à LaHague (Orano), et celui de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) seraient les bienvenus pour, à la fois, procéder à l’enlèvement, au transport, au recyclage et valider le sérieux de l’opération.

Dans le même temps, l’Agence française pour l’entreposage final des déchets radioactifs (ANDRA) pourrait également apporter son expertise à une solution pour le problème beaucoup plus simple des déchets à faible radioactivité.

Mais la lourde logistique de l’évacuation depuis Taiwan de 3 000 tonnes de combustibles usés (et de leur 30 tonnes de plutonium) pourrait exiger une étape de stockage intermédiaire dans le site MaAnShan au sud de l’Île sur le modèle de la Suisse dans son centre Zwilag, entre Bâle et Zurich.

Il y aura donc un travail de terrain sophistiqué et précis à assumer. Pour le définir, nous avons invité Wei YanNian à un regard en arrière, qui n’est pas inutile en introduction, puisque dans la tradition chinoise c’est en étudiant le passé qu’on lit et qu’on prépare l’avenir.

La rédaction.

Contexte et utile retour en arrière.

Lire : L’épineuse question des combustibles nucléaires usés de Taiwan,à la lumière du récent referendum. La France peut-elle jouer un rôle positif,et bienvenu,pour résoudre une équation sensible ?

L’un des principaux contrats industriels entre la France et Taiwan aura été celui signé en 1983, qui assura à la Cogema (depuis devenue Orano) — jusqu’en 2013, soit une trentaine d’années — un tiers des besoins en uranium enrichi des six réacteurs de l’électricien Taiwan Power Company.

Ce contrat a été exemplaire, signé sans la moindre compromission, commission, ni rétro-commision, puis exécuté par la suite sans le moindre contentieux.

Ce fut la notable contribution française à 30% environ (à cette époque, depuis redescendue à 9% d’un total qui dépend désormais pour moitié du bien plus coûteux LNG) d’une électricité taïwanaise verte (« décarbonée »), abondante, bon-marché, sans pollution, et d’une grande « sureté géo-politique » — puisque un réservoir de « quelques années d’avance » des combustibles, pour un tiers de la production totale de l’électricité taïwanaise, se pouvait entreposer en toute sécurité dans un espace plus que modeste, de quelques dizaines de m3 : un ratio inégalé par aucune autre source d’énergie.

Répétons le : pour plusieurs années en réserve, sans souci de rupture d’approvisionnement — alors que le gaz liquéfié ne se peut stocker que pour quelques jours, qu’il dépend d’un transport maritime soumis à toutes sortes d’imprévisibles aléas, et que le charbon peut être stocké pour quelques mois, mais au prix d’une intense première pollution dû à l’entreposage, avant même d’être brulé et de rejeter alors dans l’atmosphère toutes sortes de déchets très nocifs en quantités invraisemblables.

L’argument décisif de la négociation — que Georges Besse, patron de Cogema, avait - sur la recommandation de Jean-Yves Haberer, alors Directeur du Trésor, confié à René Viénet — fut que, le moment venu, TPC pourrait envoyer ses combustibles usés à LaHague pour les recycler.

Cette perspective fut encouragée par Washington, soucieux de ne pas laisser s’éterniser dans l’île le plutonium contenu dans ces combustibles usés (à ce jour, en 2022, une trentaine de tonnes de Pu se trouvent dans 3,000 tonnes de combustibles usés — recyclables —, les « Nuclear Spent Fuel »).

Question Chine déjà évoqué ce sujet, et Viénet - à plusieurs reprises - a rendu hommage au soutien et aux conseils de son ami Mark Pratt, alors n°2 de la représentation américaine à Taipei, pour faire aboutir ce contrat, contre la sourde opposition de quelques irréductibles ennemis de Taiwan, alors en embuscade dans les couloirs du Quai d’Orsay, à commencer par son ministre alors, Claude Cheysson (que le Président Mitterrand recadrera sur ce sujet, dès 1981).

Les photos qui illustrent la présente tribune permettent également de rappeler le rôle éminent que joua le (socialiste) questeur du Sénat Gérard Minvielle, aux cotés du Président du Sénat Alain Poher, pour faire aboutir ce que Washington avait suggéré à François Mitterrand.

C’est en effet la réception au Palais du Luxembourg, après la visite à LaHague, et celle d’ Eurodif, en 1981, du ministre d’Etat le Dr Li KuoTing qui fut décisive pour la signature formelle en février 1983 de ce contrat paraphé le 14 juillet 1982 par Viénet. Il est important de rappeler et mettre en valeur le soutien des parlementaires français à une fourniture pérenne, à la crédibilité d’une fourniture à long terme.

On se souvient également qu’au cours d’un mémorable symposium, sur la fin de cycle de l’électronucléaire, de Technicatome, à Pékin, en avril 1993, organisé par René Viénet, Pékin avait proposé d’accueillir (contre redevance, modeste et raisonnable) les LLRW (low-level radioactive waste, i.e. les « déchets de faible-activité à vie-courte »), de l’électronucléaire taiwanais : quelques 100,000 fûts, malencontreusement logés dans l’île de LanYu, (i.e. Betel Tobago, ou Orchid Island).

l’INIS (Système international d’information nucléaire de l’AIEA, l’Agence de l’énergie atomique, à Vienne) en-ligne sur la Toile, conserve les proceedings (avec quelques photos) de ce symposium, qui fut alors une ouverture exceptionnelle de la Chine vers Taiwan :

Viénet, dans la foulée de son initiative, en avait lancé une autre : un déjeuner à trois pour le vice-ministre taiwanais de l’énergie atomique, le Dr Liu KuangChi, avec un homologue chinois dans un célèbre restaurant de canard, à coté de QianMen, le 全聚德 QuánJùDé, pour confirmer la proposition antérieure du Pr Pan ZiQiang, « le plus ancien dans le grade le plus élevé », lors du séminaire précité (un très sympathique savant dont la collection de timbres avait été détruite par les gardes-rouges pendant la révolution culturelle. Membre de l’Académie des Sciences de l’ingénieur de Chine et spécialiste de la protection radiologique, il est décédé en janvier 2022.).


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