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›› Politique intérieure

Xi Jinping, l’APL et la trace rémanente des « Immortels » du Parti

La nouvelle est dans tous les médias occidentaux, et en même temps absente des informations chinoises. Depuis la fin août, Li Shangfu, 李尚福 le ministre de la Défense dont la fonction est plus diplomatique qu’opérationnelle a disparu des radars. Il était notamment absent de la réunion annuelle sur les frontières entre Pékin et Hanoi les 7 et 8 septembre et n’a pas été vu en public depuis le 29 août date de son intervention au forum de Pékin sur la paix et la sécurité du continent africain.

En moins de trois mois, après l’épisode de la destitution du MAE Qin Gang (lire : Destitution de Qin Gang. Une brutalité suspecte), deux membres éminents du gouvernement jouant un rôle clé dans les relations avec l’étranger ont purement et simplement été escamotés par l’appareil.
A la date de la rédaction de cette note, Li, nommé en mars dernier n’avait pas encore été officiellement relevé de ses fonctions, mais le bruit courait qu’il avait été mis en examen pour des délits de corruption commis durant son passage à la tête du Département de l’équipement de 2017 à 2022.

A la tête de l’exécutif, l’embarras est d’autant plus fort qu’il avait été spécialement choisi par Xi Jinping.

Affaiblissement politique interne. Brouillage de l’image internationale.

L’épidémie de relèves sans explications de hautes personnalités du régime dont les rangs de « Conseillers d’État » ont la préséance sur les ministres suscite des réactions diverses des observateurs. Elles vont de l’ironie à l’inquiétude, avec cependant des appréciations nuancées sur la stabilité de la machine politique et le pouvoir de Xi Jinping, mis sous pression par le freinage de la croissance, le chômage des jeunes diplômes et le marasme du secteur immobilier.

Le 8 septembre, sur Twitter devenu le réseau social « X », Emanuel Rahm, 64 ans, ancien conseiller de Bill Clinton avant d’être promu chef de cabinet de Barack Obama et, depuis mars 2022, ambassadeur au Japon, persiflait depuis Tokyo à propos de la disparition de Li Shangfu : « Le gouvernement du Président Xi ressemble au roman d’Agatha Christie “And then, there were gone - Et soudain, il ne restait personne“ – En Français “Les dix petits nègres”, devenu en 2020 : “Ils étaient dix“ –.

Pour Deng Yuwen, 55 ans, ancien éditeur du « Study Times - 学习时报 Xuexí Shibao » publication de l’École centrale du Parti, « il y aura forcément des interrogations au sein du parti sur la justesse des choix de Xi Jinping dont la teneur affaiblira son autorité. ». Deng est surtout connu en Occident depuis qu’en 2013, il avait été relevé de ses fonctions pour avoir écrit que Pékin devrait prendre ses distances avec la Corée du Nord.

Aujourd’hui, chercheur associé à l’Université de Nottingham au Royaume Uni, il suit de manière critique le nationalisme de Xi Jinping, dont il analyse la nature comme une transition et une réaction à ce que le régime perçoit comme d’incessantes pressions occidentales pour freiner la montée en puissance de la Chine.

Drew Thomson, de l’Université Nationale de Singapour, professeur de relations internationales spécialisé dans les relations Chine – États-Unis est sur une ligne identique qui identifie un risque politique homothétique de la concentration des pouvoirs opérée par Xi Jinping.

Pour nombre d’analystes comme lui, l’instabilité au sein de l’élite dirigeante révèle les vulnérabilités du système de parti unique amplifié par la personnalisation du pouvoir de Xi lors du 20e Congres. « Le risque politique se nourrit non seulement des tendances autocrates de Xi Jinping et de la nature de ses relations avec ses subordonnés triés sur le volet, mais aussi de l’absence de règles et de normes établies qui régissent les comportements au sein du système. », écrit Drew Thomson. [NDLR : En réalité, au sein du Parti il existe une jurisprudence de règles de succession et de rejet du pouvoir personnel que Xi Jinping a bafouées].

A l’extérieur, il est clair que l’absence de transparence sur le sort de deux ministres de haut niveau porte un coup à l’image internationale que Pékin cherche à donner d’un modèle politique stable et plus efficace que celui des démocraties occidentales.

*

Alors que quelques observateurs comme James Char, Docteur en histoire militaire chercheur au sein du programme Chine de la S. Rajaratnam School of International Studies (RSIS), de l’Université de technologie de Singapour, soutiennent que la disparition brutale du Ministre est au contraire un signe de la toute-puissance de Xi Jinping – hypothèse peu probable après la gestion erratique de l’épidémie commencée dans le mensonge, poursuivie par la brutalité des confinements sans nuances et achevée dans le désordre de la levée mal préparée des isolements – un des aspects les moins étudiés par les commentaires est l’état de la relation entre le parti et l’armée.


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