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›› Politique intérieure

Xi Jinping et la longue route vers l’indépendance de la justice

BREVES.

Enjeux politiques et militaires du voyage à Canton de Xi Jinping.

Du 7 au 11 décembre, Xi jinping s’est rendu à Canton, sur les traces du chemin accompli il y a 20 ans par Deng Xiaoping, venu dans la province en 1992 pour relancer la réforme après le brutal coup d’arrêt de la répression de Tian An Men. Voulant adresser au pays un symbole fort de redressement moral et éthique, après les graves remises en cause de la secousse Bo Xilai, le nouveau Secrétaire Général a insisté sur la nécessité de poursuivre le rythme des réformes, et évoqué une « mobilisation » pour plus d’ouverture et de transparence.

Il n’a cependant pas levé l’ambiguïté sur l’ampleur et la nature du volet politique des réformes, dont on comprend bien que leur mise en œuvre sans arrière pensée constituerait un formidable saut dans l’inconnu.

Et, comme s’il voulait indiquer qu’il n’avait pas les mains libres et que son appel à la mobilisation allait heurter nombre d’intérêts corporatistes et politiques, il a précisé que le mouvement réformiste était entré dans une phase difficile qui exigerait « à la fois courage politique et sagesse ».

La phrase rappelle irrésistiblement les termes du rapport intitulé « Chine 2030. Construire une société moderne à hauts revenus, harmonieuse et créative », publié en février 2012, rédigé conjointement par la Banque Mondiale et les services du Premier Ministre, sous l’impulsion de Li Keqiang, et où on pouvait lire que pour abattre la forteresse des prébendes, le pouvoir politique chinois allait devoir faire preuve « de courage, de détermination, de clarté dans l’exposé de ses objectifs et d’un grand charisme politique ». Lire notre article L’ANP 2012, testament politique de Wen Jiabao.

Mais Xi Jinping a, au cours de son voyage, directement abordé le sujet d’une autre controverse majeure, qui touche à la sécurité même du Parti : l’allégeance de l’APL, dont il est cependant aujourd’hui difficile de dire à quel point elle trouble les esprits de la hiérarchie et de la troupe. Le thème de la modernisation et de la probité des armées, clefs de la politique taïwanaise du Régime, et conditions de la puissance de la Chine, était également à l’ordre du jour. Le tout sur un mode on ne peut plus direct.

« Dites vous bien que la nature des militaires est à la fois d’obéir sans murmure au Parti et de se tenir prêts à livrer bataille et à remporter la victoire. A cet effet, il est essentiel que l’armée se renforce par un style de commandement qui doit donner l’exemple de l’austérité et de l’obéissance aux lois ».

L’importance de l’enjeu est soulignée par l’abondante couverture médiatique accordée aux étapes militaires du voyage qui a permis au SG de visiter des unités à Zhuhai, Huizhou et Shenzhen et de s’embarquer à bord du destroyer lance-missiles Haikou, affecté à la flotte du sud, sur le théâtre opérationnel de la Mer de Chine du sud, l’un des points chauds de la situation stratégique des abords de la Chine, avec la Corée du Nord, Taïwan et la querelle des Senkaku avec le Japon, dans un contexte de rivalité croissante avec la marine des Etats-Unis.

« Nous sommes aujourd’hui confrontés à plusieurs risques d’instabilité sur l’espace maritime national, tels que les tensions autour des îles Diaoyu (Senkaku), et celles en Mer de Chine su Sud. Nous devons être prêts à toutes les éventualités. Après plus de 2 décennies sans expérience directe du combat, et si on compare l’intensité des entraînements de l’APL avec celle de l’armée américaine, notre capacité opérationnelle est très en retard (…). Nous devons sans cesse viser les standard les plus élevés de préparation opérationnelle et toujours inciter nos officiers et nos soldats à se tenir prêts à affronter les réalités du combat ».

Le défi de la mise à jour opérationnelle des unités de l’APL est aussi le principal moyen d’associer les militaires au « rêve chinois », d’un renouveau national, que le Parti évoque de manière répétitive depuis la prise de fonctions de Xi Jinping. Une occasion pour ce dernier d’affirmer son autorité dans le cadre de sa nouvelle fonction de Chef de Armées et de Président de la Commission Militaire Centrale. En même temps, les discours, abondamment repris par la presse officielle, envoient un signal sans équivoque au Japon et aux Etats-Unis.

Les mises au point de Pékin ont éveillé un écho aux Etats-Unis, où un débat est en cours sur les effets négatifs de la décision de bascule stratégique vers le Pacifique Ouest. Selon certaines critiques, l’un des effets pervers de ce repositonnement militaire aura en effet été de libérer les alliés asiatiques de Washington de leurs inhibitions, les incitant à une attitude plus agressive à l’égard de la Chine. Une tendance qui porte en elle un risque de dérapage militaire que la Maison Blanche entend éviter à tout prix.


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