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« Super Girl » et la société civile chinoise. Le dernier rêve de Guy Sorman

Le 23 mars dernier, dans un article publié dans l’hebdomadaire l’Express, Guy Sorman nous révèle que la société civile chinoise revient à la vie. En même temps il fustige notre aveuglement de n’avoir pas su voir ce que lui a si bien décelé. Dans son style vif, intelligent, brillant et définitif , il nous indique que l’émission de la télévision chinoise locale du Hunan « Chao Ji Nusheng », copie de la série américaine « Super Girl », a donné l’occasion à des dizaines millions de téléspectateurs chinois d’exprimer, par le biais des messages téléphoniques, leur penchant démocratique et anti-conformiste en votant pour une jeune fille « androgyne », vêtue d’un chemisier noir - « à la japonaise » dit-il - et coiffée à la « punk comme les Coréens ». Comme si les jeunes chinois n’étaient pas assez delurés eux-mêmes pour s’habiller en noir ou torturer leurs cheveux. Il y a une sorte de snobisme autosatisfait dans cette recherche des « signes » chargés de sens que d’autres ne voient pas ; comme une coquetterie d’intellectuel qui s’efforce de prendre toujours les lecteurs à contrepied, érigeant un phénomène assez courant de la société chinoise en symbole annonciateur de changements profonds.

Notre visionnaire éclairé nous explique que le pouvoir a été pris de court. Pas moins. Le Hunan, souligne t-il, est en effet tellement loin de Pékin que la censure n’aurait pas eu le temps de réagir. Voilà donc la télévison du Hunan devenue une sorte de Robin des bois des chaînes de télévisions locales chinoises, défiant avec courage le pouvoir central. Sympatique affabulation, un peu fleur bleue, mais qui ne correspond pas à la réalité. En Chine le « direct » n’existe qu’à de rares exceptions, triées sur le volet (et encore les spécialistes attentifs savent que même les « directs » sont toujours en léger différé, ce qui donne le temps de couper l’image pour réagir à un impromptu). S’ il est vrai que la finale de la super-girl chinoise est diffusée en direct « légèrement différé », toutes les autres phases de la sélection sont enregistrées et visionnées par la censure. Ce qui signifie que notre « Super Girl » chinoise est arrivée en finale sous l’oeil vigilant du Centre. Au demeurant aucune émission, locale ou pas, ne peut être autorisée sans un accord préalable des structures de contrôle.

Mais, contrairement à ce qu’indique l’auteur, qui croit à ses rêves d’une reine androgyne symbole d’un anti-confucianisme renaissant, il n’y a eu aucune « répression » et l’émission, qui court toujours, n’a pas été interdite. D’ailleurs une autre jeune fille à la voix cassée et au visage de garçon, pas très confucéenne non plus, fait à nouveau fureur. Sa voix n’est d’ailleurs pas si désagréable et on ne peut nier qu’elle ait du caractère. Elle sera peut-être élue. Ou peut-être pas.


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Par Anonyme Le 28/08/2006 à 16h46

> « Super Girl » et la société civile chinoise. Le dernier rêve de Guy Sorman.

Je n’ai rien écrit sur la Chine dans L’Express ce qui relativise la valeur de la critique . En revanche , aprés des années passées en Chine , j’ai bien publié un livre assez gros L’année du Coq , Chinois et rebelles , Fayard ( 2006 ) . Il y est question de Supergirl mais pas que de cela.
Guy Sorman

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