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Secousse politique à Taïwan. Réajustements, manœuvres et arrière-pensées

Après les élections locales, le Président Ma Ying-jeou au pouvoir depuis 2008, reconnaît sa défaite. Sa position à la tête du KMT est fragilisée. Même si les négociations entre les deux rives ne seront pas interrompues, il sera difficile de signer de nouveaux accords avec la Chine d’ici 2016.

Le 30 novembre, commentant pour Reuters les élections locales du 29 novembre qui infligèrent une sévère défaite au KMT, une jeune fonctionnaire du gouvernement expliquait qu’au cours des dernières années « les Taïwanais avaient perdu confiance dans le Guomindang, au pouvoir depuis trop longtemps, tandis que l’économie stagne. Ses accords avec la Chine auraient du être conclus d’une manière plus transparente ».

Le commentaire résume assez bien le sentiment général de déception qui porte à la fois sur l’état de l’économie et sur les relations avec le Continent. Du coup, la défaite qui provoque une secousse politique, est une des plus graves subie par le KMT. Sur les 22 municipalités et districts, le parti au pouvoir n’a réussi à en conserver que 6 parmi les 14 qu’il contrôlait jusque là.

Le Parti Indépendantiste, quant à lui, en gagne 7, ce qui porte son capital électoral à 13. Les 4 derniers sièges en compétition ont été raflés par des candidats non inscrits. Sur la totalité des voix exprimées, le KMT en totalise 40,7% et le DPP 47,6%. 11,7% des voix sont allées à des candidats sans étiquette.

Le poids du vote en faveur des non inscrits mérite attention. Il pourrait en effet donner une indication plus fine de l’état de l’opinion en amont des élections présidentielles de 2016. Près de 12% des votes se sont en effet prononcés en faveur de candidats qui ne se réclamaient ni du KMT, ni du DPP. La proportion indique une indécision des électeurs dans un paysage politique marqué par un manichéisme qui laisse peu de marge entre une trop pesante allégeance à Pékin et la rupture radicale de l’indépendance.

Au moment où resurgit avec force la tension indépendantiste, attisée par le radicalisme de la jeunesse, à la fois mécontente de l’élan pro-chinois de Ma Ying-jeou et de la situation socio-économique des plus défavorisés, les forces politiques en présence réfléchissent à des stratégies moins manichéennes.

Tout en affichant la permanence de leurs choix politiques, le Parti Communiste, le KMT et le DPP manœuvrent, non sans arrières-pensées, pour se placer favorablement dans la course aux présidentielles de 2016. Les réajustements ne vont pas sans renoncements ni duplicité. S’il est vrai que le KMT, très affaibli doit reconquérir sa base dans un contexte difficile où sa politique chinoise est largement critiquée, les autres forces en présence sont elles aussi contraintes de se remettre en question.

Le Parti Communiste chinois qui tente d’influencer les affaires et la politique taïwanaises est, peut-être du fait même de son empressement et de son activisme tous azimuts par le biais du Front Uni, aujourd’hui confronté au risque d’échec de sa stratégie oblique de réunification.

Appliqué à corriger les effets de son impatience politique, Pékin tente de contourner la fragilité de Ma Ying-jeou par de nouveaux contacts politiques tout en développant des réseaux au sein des PME et des populations rurales ; quant au Parti Indépendantiste, il doit résoudre la contradiction qui tient du grand écart, entre ses stratégies de reconquête du pouvoir imposant d’apaiser ses relations avec la Chine telles que le souhaite la majorité des Taïwanais, sans toutefois affaiblir son message politique central qui milite pour une identité politique séparée et souveraine.


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