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Risques de conflit dans le détroit de Taïwan. Le durcissement chinois face à la rupture démocratique

Une longue histoire d’interactions culturelles et politiques.

Au cours de la première moitié du XVIIe siècle, alors que les navigateurs européens – d’abord portugais qui donnèrent à l’Île son premier nom européen de « Formosa - La Belle Île » - , puis espagnols au nord, et hollandais au sud-, se disputaient des comptoirs taïwanais, l’influence chinoise fut accélérée par les Hollandais déjà présents dans l’actuelle Indonésie.

Ayant chassé les Espagnols qui avaient fondé Jilong (Keelong) en 1626, les Bataves voyaient dans les migrations chinoises le moyen d’appuyer leur entreprise de colonisation d’une terre encore sauvage et peu peuplée.

Plus encore, après la chute des Ming en 1644, les circonstances lui conférèrent déjà le statut de refuge face au Continent. C’est en effet à cette époque que les fonctionnaires et des militaires fuyant la nouvelle dynastie mandchoue qu’ils considéraient comme une force d’occupation étrangère, y trouvèrent asile.

En 1662, bien avant la conquête de l’Île par les Mandchous, le marin et pirate taïwanais Zheng Chen-Gong, resté fidèle aux Ming et connu en Occident sous le nom de Koxinga, né au Japon d’une mère japonaise et d’un père marin et marchand originaire du Fujian, réussit à chasser les Hollandais.

Après avoir fondé le royaume de Tungning dont ils imaginaient qu’il serait le noyau politique d’une reconquête de la Chine par les Ming, les Zheng descendants de Koxinga subirent l’assaut des troupes mandchoues qui en 1683 sous le règne de l’Empereur Kangxi, s’approprièrent une première fois l’Île.

Dans une récente publication des « Amis d’Hérodote » consacré à Taïwan, Vincent Péquignot rappelle que les Han du sud de la Chine continuèrent de plus belle à émigrer, au point qu’au début du XIXe siècle sous le règne de Jiaqing, arrière-petit-fils de Kangxi, les continentaux installés dans l’Île étaient déjà près de deux millions.

L’établissement de l’Île en province à part entière eut lieu le 12 octobre 1885,sous le règne de l’Empereur Guangxu, contrôlé par sa tante la régente Cixi, au cours du « siècle des humiliation ».

L’élévation au statut de province eut lieu en des temps troublés, alors que l’Île était à nouveau harcelée par les Occidentaux, après l’occupation par les Britanniques du port de Keelung en 1840, une expédition japonaise avortée en 1874 et le bombardement de la ville côtière de Tam Sui par l’escadre française de l’Amiral Courbet en 1884, dont l’intention était de « prendre un gage » à la Chine qui, dans la région de Langson au Tonkin, harcelait le corps expéditionnaire français en Indochine.

*

A peine douze années plus tard, le destin de l’Île bascula. En 1895, première étape des actuelles controverses à propos de l’appartenance de l’Île, à la suite de la défaite de la Chine contre l’Empire Nippon, le traité de Shimonseki attribua Taïwan au Japon qui l’occupa et l’administra jusqu’en 1945.

Cette année qui marqua la défaite de l’Empire Nippon, fut aussi celle de l’arrivée dans l’Île de l’avant-garde des troupes de Tchang Kai-chek en mauvaise posture sur le Continent auxquelles Mac Arthur avait confié la mission de recueillir la reddition inconditionnelle du Japon. Comme les réfugiés Ming trois siècles plus tôt, Tchang s’installa à Taïwan avec l’idée de reconquérir le Continent tombé aux mains des Maoïstes.

Pour autant, quand la Chine communiste se réclame aujourd’hui de la longue histoire et de l’imbrication culturelle, de la décision des Nations-Unies en 1971 et des « Trois communiqués » pour revendiquer sans esprit de recul la souveraineté sur l’Île tout en la menaçant d’une action de force, elle manque une importante partie de l’image.


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