›› Chronique

La carte éditée par IHS Markit, entreprise américaine d’information économique, montre en rouge le tracé de l’oléoduc ESPO (Eastern Siberia Pacific Ocean) et la puissante concentration d’installations de stockage stratégique et de raffinage à l’Est et au Nord-est. L’oléoduc ESPO est complété par un autre venant du Kazakhstan en vert.
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Nécessité fait loi. Et les sanctions américaines contre Moscou pèsent peu dans la balance des avantages - risques.
Selon les dernières données collectées par Reuters, alors que les prix ont d’abord baissé en raison des interdictions d’importation respectées par la plupart des pays occidentaux, la Chine et l’Inde ont augmenté leurs achats de pétrole russe. La tendance crée une échappatoire qui permet à Moscou de sécuriser ses revenus d’exportation.
En même temps, la pénurie crée une urgence commerciale. Après la première tendance à la baisse des prix due à l’assèchement du marché occidental, avec le marché asiatique, émerge une autre réalité qui, cette fois, tire les prix vers le haut.
Selon informations du site de données industrielles et commerciales « Refinitiv », au mois de mai, la Chine a importé chaque jour 800 000 barils (117 000 tonnes/jour) de pétrole russe par voie maritime. Correspondant à une hausse 40% depuis janvier, elle replace les importations par tanker au niveau habituel d’avant la crise (1,6 milliard de barils/jour – 234 000 tonnes/jour - achetés à la Russie dont 50% livrés par voie maritime.)
Par oléoduc, le flux, entretenu par la forte demande chinoise, est renforcé par l’existence dans le Nord-est d’un important réseau de douze raffineries et de centres de stockage dont le nombre est en cours de triplement, directement connectés à l’oléoduc EPSO (Eastern Siberia Pacific Ocean).
Alimentant l’Est industriel chinois à partir de Skovorodino sur la frontière russe à 1600 km au nord de Pékin, sa capacité est de 80 millions de tonnes par an dont une partie est livrée à Kozimino dans l’Extrême Orient russe, à 90 km au Sud-est de Vladivostok. Un autre oléoduc plus à l’ouest vers le Xinjiang venant du Kazakhstan (Atasu – Alashhankou) assure une capacité de livraison de 20 millions de tonnes par an.
La Chine premier importateur mondial.

Dans la crise actuelle, après une baisse initiale de ses importations russes, Pékin a dans un deuxième temps cherché à obtenir le brut russe au meilleur prix possible en comblant le déficit créé par l’embargo occidental. Avec une baisse de 29 $ du prix du baril, les principaux importateurs publics chinois (Unipec – branche de Sinopec et Zhenhua Oil – branche de CNPC – ) ont augmenté leurs achats.
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En dépit d’une baisse en janvier 2021, la quantité d’importation totale chinoise de pétrole brut est toujours de 512 millions de tonnes annuelles plaçant depuis 2016 la Chine au premier rang mondial des importateurs avec les livraisons russes représentant 15% du total.
Pour autant, en dépit des capacités de stockage et de raffinage du nord-est, il est peu probable que dans un avenir proche, le volume livré à la Chine par cette voie russe augmente de manière significative compte-tenu des capacités contraintes des oléoducs dont le débit a atteint son volume maximum.