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Le rapprochement avec la Chine génère des inquiétudes à Taipei et des interrogations sur la politique américaine

Au printemps 2008, Washington, qui s’inquiétait de la dégradation des relations entre Taiwan et la Chine était soulagé par la victoire de Ma Ying Jeou, qui tournait résolument le dos à la politique de rupture de Chen Shui Bian. Les Etats-Unis, principaux garants de la sécurité de l’Ile et inquiets des risques de conflit, dans lequel ils seraient forcément impliqués, avaient en effet fini par considérer avec Pékin que les initiatives de Chen Shui Bian, qui visaient à bousculer le statu quo, constituaient un danger pour la stabilité de la région et leurs intérêts stratégiques.

Aujourd’hui, le contexte est moins tendu. La politique d’apaisement, marquée par la reprise du dialogue entre Pékin et Taipei, a permis le rétablissement des liaisons directes, maritimes, aériennes et postales interrompues depuis 1949. Pékin a même, par la voix de Hu Jintao, suggéré la mise en place d’un dialogue direct entre militaires des deux rives et laissé entendre que l’Ile pourrait intégrer l’OMC sous le nom de China Taipei.

Le 5 mars, lors de son discours programme à la session annuelle de l’ANP, le Premier Ministre chinois Wen Jia bao, reprenant les termes d’une proposition de Hu Jintao du 31 décembre dernier, réaffirmait la disponibilité de la Chine à « créer les conditions pour négocier la fin des hostilités et la signature d’un traité de paix ». C’est dans ce contexte très optimiste que les deux parties envisagent de conclure un « accord cadre » normalisant les relations économiques et commerciales entre les deux rives.

Dans l’Ile, les milieux d’affaires voient dans ces rapprochements une bouée de sauvetage pour l’économie durement touchée par la crise. Comparées à la même période en 2008, les commandes à l’export se sont en effet effondrées de plus de 40% en moyenne et celles venant de Chine de plus de 50%. Conséquences directes : une baisse de 47% de l’activité industrielle entraînant une montée brutale du chômage (600 000 personnes sans emploi), à un niveau jamais vu depuis 2002.

Mais, s’il est vrai qu’elles donnent de l’espoir aux hommes d’affaires pour qui la Chine continentale est un marché salvateur, les évolutions inquiètent les observateurs politiques - pas seulement ceux proches du parti indépendantiste - qui y voient les prémisses d’un glissement inéluctable de l’Ile dans le giron chinois. Le 9 mars, quatre jours après le discours de Wen, l’éditorial du Taipei Times titrait sur la persistance des menaces militaires de l’A.P.L, indiquant que le rapprochement en cours supposait que Taiwan accepte la « politique d’une seule Chine » façon Pékin, réduisant le statut de l’Ile à celui de province.

Pour désamorcer les critiques qui montent, Ma Ying-Jeou s’est empressé de répondre à Wen Jiabao que Taiwan n’était pas prête pour un traité de paix et souhaitait que le rapprochement se fasse seulement autour des questions économiques. En précisant clairement que la politique d’apaisement avec Pékin tenait soigneusement à l’écart les questions très sensibles de la réunification et du statut de l’Ile, le Président entend couper l’herbe sous le pied de ses détracteurs qui l’accusent de vendre Taiwan à la Chine. Il n’a pas tort. L’opposition qui se remet difficilement de ses désastres électoraux de 2007 et 2008 et des démêlés judicaires de son ancien chef de file, recommence en effet à donner de la voix en demandant la mise sur pied d’un comité de surveillance de la politique de rapprochement de Ma Ying-Jeou. Ce dernier est accusé de promouvoir un pacte économique ambigu qui pourrait receler de graves risques politiques et de promouvoir le rapprochement avec la Chine sans concertation avec le Parlement.


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