Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Chine - monde

Le lent recul de la prévalence globale du Dollar, le choc des cultures et l’enjeu du « sud-global »

Le Brésil membre des BRICS et arrière-cour de Washington tourne le dos au Dollar.

Le 29 mars, emboîtant le pas de la Russie, de l’Iran et de l’Arabie Saoudite, le Brésil membre des BRICS où, nous l’avons vu, les stratégies chinoises se déploient sans faiblir depuis plus de dix ans, décidait d’autoriser le paiement de ses exportations en Yuan chinois.

Concrètement une filiale brésilienne de la banque chinoise des communications 交通银行 sera connectée au Système chinois de paiements transfrontières (China cross-borders International Payment System – CPIS -) concurrent du système SWIFT.

Alors que les échanges entre le Brésil et la Chine ont augmenté rapidement pour atteindre 171,49 Mds de $ dont 109, Mds d’importations chinoises de minerai de fer, de pétrole brut, de soja et de pâte à papier, la Banque 交通银行 devient la première structure financière chinoise partie du CPIS en Amérique latine.

S’exprimant depuis le Forum de Boao (du 28 au 31 mars), Zhu Min, ancien n°2 du FMI à la retraite et vice-président d’un Centre de recherche public sur le commerce international, soulignait que l’augmentation du nombre d’acteurs économiques acceptant d’utiliser la monnaie chinoise laissait présager qu’elle pourrait à l’avenir devenir une monnaie de réserve globale au même titre que le Dollar.

Il faudrait cependant que le Yuan devienne librement convertible, un pas que l’appareil s’est jusqu’à présent toujours refusé à franchir.

Le « Sud-global » enjeu de la rivalité planétaire entre l’Occident et l’opportunisme autocrate sino-russe.

Alors que les projections selon lesquelles la Chine deviendrait à terme la première puissance économique mondiale commencent à se brouiller, une évolution se précise déjà sous nos yeux, soulignée par Agathe Desmarais auteur de « Backfire » dont le sous-titre est « How Sanctions Reshape the World Against U.S. Interests » :

« La perte d’influence des États-Unis va entraîner un changement de paradigme majeur dans le domaine géopolitique. Dans cette perspective, trois blocs pourraient se dégager, un bloc occidental, un bloc mené par la Chine avec son vassal russe et un bloc des pays non alignés. »

Elle ajoute que « se pose d’ores et déjà la question de la place de l’Union européenne vis-à-vis des Américains, et celle du positionnement des non-alignés s’ils doivent choisir l’un des deux autres blocs  ».

En filigrane se confirme que les émergents et les pays en développement d’Afrique ou d’Asie sont devenus les enjeux de la compétition globale entre l’Occident qui se pare des vertus démocratiques et un bloc de pays qui, se prévalant de leurs racines culturelles, contestent la prévalence des États-Unis et de leurs alliés.

Rien de neuf. Au début des années quatre-vingt-dix Lee Kwan-yu, le n°1 autocrate de la Cité-État de Singapour, répondant à la thèse de Fukuyama sur « la fin de l’histoire » et la nécessité historique de la marche du monde vers la démocratie, spéculait sur la force contraire des valeurs asiatiques.

Au lieu de la prévalence des libertés et du droit des individus, elles placent au premier plan la cohésion sociale et politique, le respect de l’autorité et le culte des ancêtres, sources de l’harmonie.

Le débat croise celui entre les idées de Fukuyama d’un monde à terme normalisé autour du concept supposé indépassable de la démocratie et celles du « Choc des civilisations ». L’essai de Samuel Huntington était publié en 1996 tout juste un an avant le moment où, affaiblies par de la crise économique de 1997 qui frappa plus directement les pays asiatiques, les idées sur « les valeurs asiatiques » commençaient à perdre leur force d’attraction.

La réalité probable pourrait être que les forces qui gouvernement les hommes agissent selon des strates de temps séparées où les immuables géographiques et les longues portées culturelles des civilisations télescopent les aspirations individuelles de liberté et d’autonomie de tous les humains dont Fernand Braudel disait qu’elles étaient forcément limitées, mais qui, pour autant, ne cessent jamais de s’exprimer, y compris chez les autocrates.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Au Pakistan, des Chinois à nouveau victimes des terroristes

Munich : Misère de l’Europe-puissance et stratégie sino-russe du chaos

Au Myanmar le pragmatisme de Pékin aux prises avec le chaos d’une guerre civile

Nouvelles routes de la soie. Fragilités et ajustements

Chine-UE. Misère de l’Europe puissance, rapports de forces et faux-semblants