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›› Taiwan

La difficile équation de Ma Ying Jeou

Pour Ma Ying Jeou l’heure est venue de dresser le bilan de sa première année aux commandes de l’Ile. Parlant aux diplomates en poste à Taipei, répondant aux journalistes de Time Magazine, ou s’adressant par vidéo interposée aux autorités américaines, via un célèbre « Think Tank » d’études stratégiques de Washington, le président taïwanais envisage avec sérénité le développement des relations avec la Chine, en dépit des critiques internes, qui pour la plupart viennent du parti indépendantiste (DPP).

Comparée à l’ambiance tendue qui régnait il y a deux ans dans le Détroit, marquée par des mises en garde militaires répétées de la Chine et l’inquiétude de Washington, opposé comme Pékin à l’organisation par le DPP d’un référendum sur l’admission de l’Ile à l’ONU, l’évolution est radicale. Rétablissement des liens directs, liaisons aériennes et maritimes régulières, ouverture de Taiwan aux touristes et aux investisseurs chinois, sous certaines conditions, instauration d’un cycle de négociations économiques et commerciales entre les deux rives, invitation du ministre de la santé à l’Assemblée Générale de l’OMS avec le statut d’observateur - une première attendue par les Taïwanais depuis que l’Ile avait perdu son siège à l’ONU en 1971 -, sont autant d’événements qui dessinent une image inédite des relations entre Pékin et Taipei depuis 1949.

En présentant cet impressionnant bilan, le président Ma Ying Jeou pouvait se féliciter d’avoir tenu sa promesse électorale d’apaiser les relations dans le Détroit. En même temps il s’appliquait à rassurer l’opinion publique taïwanaise, soulignant qu’il protégerait bec et ongles la souveraineté et le système démocratique de l’Ile. Pourtant l’examen détaillé des initiatives récentes de ce jeu, dont une partie de cartes est biaisée, révèle une image moins rassurante pour Ma Ying Jeou. Un premier indice inquiétant est le brutal changement d’attitude de Pékin à propos de l’accord cadre sur les relations commerciales, proposé par Hu Jin Tao dans son discours en 6 points sur les relations avec Taïwan.

Depuis le 31 décembre 2008, date du discours du Secrétaire général du PCC, les familiers de la question autour de Hu Jintao expliquaient que l’accord cadre avec Taïwan devait être conclu en 3 phases, échelonnées dans le temps : 1.- court terme 2009 - 2012 : mise en œuvre des premiers investissements chinois à Taïwan, élargissement des liens direct, coopération dans le secteur financier ; 2.- Moyen terme 2012 - 2016 : signature de l’accord cadre, renforcement des mécanismes de coopération économique, négociations pour une approche commune des relations avec les pays de l’APEC ; 3.- Long terme 2016 et au-delà : ouverture complète des marchés de part et d’autre du Détroit, poursuite de l’intégration des deux économies et mise au point d’une approche commune pour le développement intégré des économies régionales. Cette vision progressive avait l’avantage de convenir à Ma, qui, bien qu’ayant été à l’origine de l’idée de l’accord cadre, n’ignorait pas qu’il lui faudrait des délais pour convaincre l’opinion publique et l’opposition à Taïwan.

Or, lors du forum organisé à Xiamen sur les relations entre les deux rives, du 16 au 22 mai dernier, Wang Yi, responsable des affaires taïwanaises au Conseil d’Etat, annonçait, contre toute attente, que Pékin était désormais prêt à signer l’accord cadre. Cette avancée chinoise inattendue se produit alors qu’à Taïwan monte la controverse sur le rapprochement économique entre les deux rives. Et c’est là la deuxième cause d’inquiétude qui vient s’ajouter à celle résultant du nouvel empressement chinois : le 17 mai, des dizaines de milliers de manifestants protestaient contre la politique d’ouverture économique avec la Chine, au motif que la rafale des récents accords engageait l’Ile sur la pente dangereuse d’un rapprochement politique irréversible avec Pékin. « Nous sommes Taïwanais et pas Chinois », scandait la foule, tandis que la présidente du DPP, Tsai Ing Wen, répétait dans son discours aux manifestants : « la politique pro chinoise de Ma Ying Jeou place le futur et la destinée de Taïwan dans les mains des Chinois et nous ne l’accepterons pas ».


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