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Chine – Taïwan – Etats-Unis, sérieux orages en vue

S’il est une question recélant un fort potentiel de durcissement des tensions sino-américaines c’est bien la question de Taïwan.

Alors qu’à la tête de l’Île, la présidente indépendantiste rue dans les brancards de Pékin qui lui inflige depuis 2016 une série d’humiliations diplomatiques (lire : Coups de boutoir méthodiques de Pékin contre l’Île. Le Panama quitte le navire taïwanais et Taiwan à la recherche d’un nouveau soft-power), aux États-Unis, le renforcement cautionné par Donald Trump de la mouvance adepte de relations plus étroites de Washington avec l’Île (lire : Les retours de flamme de la « politique d’une seule Chine ») porte le risque d’un emballement stratégique.

Contrairement à la discrétion de leurs prédécesseurs qui ménageaient la susceptibilité ré-unificatrice de Pékin, Tsai et Trump sonnent le rappel d’un parrainage des « nations libres » contre les pressions du Continent qui ignore systématiquement le déterminant démocratique de l’Île.

Plus encore, piétinant les codes de la « politique d’une seule Chine » exigeant que les relations entre Washington et Taipei restent confinées dans des échanges sobres et discrets, les deux hissent de plus en plus haut l’étendard de leur connivence. A mesure que le temps passe et que se durcit la rivalité stratégique sino-américaine, le rapprochement entre Taipei et Washington s’affirme contre l’arrière-plan anti-démocratique de Pékin sur lesquelles les récentes effervescences à Hong-Kong viennent de jeter une lumière crue.

Il ne fait aucun doute que le rejet massif par la rue de Hong Kong du projet de loi sur l’extradition, habilement manipulé par Taipei (lire : Chine – Hongkong, la fracture) [1] a sérieusement augmenté l’effet répulsif sur les Taïwanais du schéma « Un pays deux systèmes » dont personne – toutes tendances politiques confondues - ne veut dans l’Île.

En même temps, la séquence de Hong-Kong qui n’est pas achevée a contribué à freiner la chute dans les sondages de Tsai Ing-wen, la replaçant en position favorable dans la course dans la présidentielle pour 2020 dont elle a remporté la primaire du DPP le 13 juin par une avance de 8,2% sur son concurrent le plus sérieux William Lai (賴清德 – Lai Qing De -).

Ayant écarté le cauchemar d’une scission au sein du parti, Tsai dont la popularité chez les jeunes a été dopée par l’adoption de la loi sur le mariage homosexuel, semble, pour l’instant du moins, avoir repris des couleurs contre ses concurrents de l’opposition.

Inquiète, l’opposition fourbit ses armes.

Avec des fortunes diverses, deux prétendants émergent. L’indépendant Ko Wen-je 柯文哲, chirurgien et maire de Taipei depuis 2014 qui ne s’est pas encore déclaré et le vieux routier du KMT ancien membre du Yuan Législatif de 1993 à 2002, Han Kuo-yu 韓國瑜, 62 ans, vainqueur surprise du fief indépendantiste de la mairie de Kaoshiung en novembre 2018 avec près de 54% des voix.

Le 15 juillet, aux primaires du KMT, ce dernier crédité de 44,8% des voix, a triomphé du milliardaire Terry Gou, patron de Foxconn (27,7%) et d’Eric Chu, ancien maire du Nouveau Taipei déjà battu par Tsai Ing-wen aux présidentielles de 2016 (17,9%).

Au sein du vieux parti nationaliste, l’inquiétude face au retour de popularité de Tsai est palpable dans les entrailles mêmes du KMT dont le site publiait le 13 juillet une note alertant sur la perte d’audience progressive de Han Guo Yu.

La conclusion sonnait le tocsin. En substance, elle mettait en garde contre un affaissement plus grave de la popularité du candidat du KMT alors même que celle de Tsai relevait la tête. Une tendance qui, selon la note, annoncerait « la crise existentielle la plus grave de l’histoire du parti. »

Il est vrai qu’il y à peine 3 mois, tous les sondages prédisaient que Han
triompherait aisément de Tsai à la prochaine présidentielle. Récemment, elle est repassée en tête des intentions de vote, jouant habilement des effervescences hongkongaises au milieu desquelles elle s’appliqua, pour l’instant avec succès, à décrire tous ses opposants y compris Ko l’indépendant, comme des marionnettes de Pékin, tandis qu’elle présentait le DPP comme le seul parti capable de protéger la souveraineté de Taïwan et son système démocratique.

Note(s) :

[1Signe qu’on venait de franchir le pas de la perfidie politique laissant Carie Lam démunie en rase campagne, après avoir renoncé à réclamer l’extradition de Chan Tong-kai, 19 ans, meurtrier de sa fiancée à Taïwan, Chiu Chui-cheng, un des vice-ministres taïwanais de la Commission pour des Affaires continentales souligna que même ses propositions de règlement au cas pas par cas resteraient sans suite.


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