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Chine – France et société chinoise. Quand Carrefour jette l’éponge, Walmart contre attaque

Le 23 juin on apprenait que Carrefour, implanté en Chine depuis 1995 dans 50 villes (210 hypermarchés et 24 supérettes de quartier, pour 30 millions de clients) avait vendu 80% de son capital en Chine à Suning, géant de l’électroménager, devenu un des fleurons de la grande distribution avec 8815 magasins dans 700 villes et une centrale de vente en ligne en passe de devenir le point focal de sa stratégie commerciale.

Voilà plusieurs années que Carrefour dont les revenus baissent régulièrement envisageait un retrait. Alors que ceux de Suning étaient en hausse de 30% en 2018 à 32 Mds d’€, avec cette année un triplement des bénéfices à 1,7 Mds d’€, ceux de Carrefour baissaient de 8% à 3,9 Mds d’€.

S’il est vrai que le produit de la vente, 620 millions d’€, n’est pas au fond, au moins en apparence, une mauvaise affaire pour le groupe français en manque de cash – à l’annonce de la nouvelle, l’action en bourse a frémi en hausse de 3,5% avant de reperdre 7% le 25 juin – l’épisode boursier, d’abord positif, puis assez vite négatif traduit en réalité les difficultés globales des grandes surfaces confrontées à l’invasion de la vente en ligne.

Dans ce cas précis, le groupe français dont il faut souligner les efforts d’adaptation, a peut-être fait preuve de moins d’imagination offensive que Walmart, notamment en matière de traçabilité des produits par la technique Blockchain pourtant mise en œuvre par Carrefour en France depuis mars 2018.

Carrefour ne fait que suivre l’exemple du Britannique Tesco (131 magasins en Chine). Engagé dans un retrait global de ses activités, l’Anglais a en 2013 vendu son activité à China Resources, domiciliée à Hong Kong contre une participation résiduelle de 20% dans une filiale nouvellement créée sur le Continent.

Avec Carrefour notons aussi le recul de la position des supermarchés Auchan qui abandonnent la direction opérationnelle de l’alliance avec Alibaba physiquement représentée par leur filiale commune Sun Art (36,18% des parts pour Auchan, 36,16 % pour Alibaba).

En mars dernier, Ludovic Holinier, directeur général d’Auchan Chine et jusqu’alors également directeur général de Sun Art, a cédé son poste à Ming-tuan Huang, représentant de l’actionnaire minoritaire Ruentex et fondateur de RT mart Chine.

De facto, Auchan n’occupera plus les commandes opérationnelles de Sun Art, même si en tant qu’actionnaire de référence, le distributeur français a son mot à dire au conseil d’administration, où son accord est nécessaire.
(Morgan Leclerc https://www.lsa-conso.fr)

La contre-attaque de Walmart.

Pour autant, tous les grands de la distribution mondiale n’ont pas jeté l’éponge en Chine. Walmart, le n°1 mondial lui-même confronté au recul de ses affaires n’a pas l’intention d’abandonner la bataille dans un aussi vaste marché. Contrairement à Amazon qui lui aussi tire l’échelle, le champion américain tente une stratégie qui mérite attention.

En 2015, analysant les perspectives de la grande distribution, Ben Cavender, Directeur exécutif de China Market Research Group, disait déjà à quel point le marché était prometteur : « Aujourd’hui il y a un gros quart de la population qui a les moyens d’acheter. Cela fait un peu moins de 400 millions de personnes. Imaginez ce que sera ce chiffre dans dix ans ».

Contrairement à Carrefour et Tesco, l’objectif de Walmart est de s’enraciner en Chine.

A cet effet, il vient de changer de stratégie. Le 25 juin, loin de tourner le dos aux perspectives commerciales chinoises, le géant américain a contre attaqué sur une des plus grandes vulnérabilités du marché, la qualité – notamment celle de la sécurité alimentaire et sa traçabilité.

A cet effet il a créé une plateforme de traçabilité en association avec Chain-Store & Franchise Association - 连锁店和特许经营协会(CCFA), ayant le monopole de représentation de la grande distribution en Chine, le cabinet Pricewaterhousecooper, le groupe Inner Mongolia Kerchin Co., Ltd., (production et commercialisation de viande bovine) et VeChain, dont la technique reposant sur la Blockchain Ethereum a pour objectif de lutter contre le fléau de la contrefaçon qui représente un manque à gagner pour beaucoup d’entreprises en Chine (1)

L’idée originale et très opérationnelle de Walmart utilise une technologie très en vogue en Chine pour répondre à l’insatiable quête de qualité des consommateurs chinois de la classe moyenne.

Faisant cela le groupe américain qui met l’accent sur la transparence et l’impossibilité de falsifier, prend une longueur d’avance sur ses concurrents chinois. Nul doute que ces derniers s’ajusteront assez vite. Lire : Qu’est-ce que la blockchain ?

Le 25 juin, la déclaration de Shi Jiaqi, directeur des affaires générales de Walmart en Chine, enfonçait le clou : « Walmart a toujours œuvré pour fournir à ses clients des produits fiables et de qualité , qui constituent nos valeurs fondamentales. Nous utilisons les technologies numériques pour améliorer l’efficacité et la transparence, en fournissant des produits et des services de qualité aux clients et en améliorant la vie des familles occupées en Chine. »

Note.

(1) Selon le mathématicien, Jean-Paul Delahaye, une « blockchain » peut être assimilée à un grand livre comptable public, anonyme et infalsifiable. « Il faut s’imaginer un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est à la fois impossible à effacer et indestructible. ».

Rappelons que Carrefour a mis en œuvre la technique Blockchain en France dès mars 2018. Lire : Traçabilité : Carrefour lance sa blockchain du poulet.].


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