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›› Editorial

20e Congrès. Xi Jinping et sa garde rapprochée prennent brutalement le contrôle du Parti

Le 23 octobre, ayant obtenu un troisième mandat de cinq ans à la tête du Parti contre la jurisprudence d’un départ à la retraite à 68 ans, Xi Jinping (69 ans depuis juin cette année), s’avance sur la scène du grand amphithéâtre du Grand Palais du peuple. Il est applaudi par les six nouveaux membres du Comité Permanent qui le suivent. Tous sont de loyaux membres de sa garde rapprochée politique dont les liens ont été tissés dans le Zhejiang et à Shanghai.
Dans l’ordre, Li Qiang 李强, 63 ans, n°1 à Shanghai ; Zhao Leji 赵乐际, 65 ans, Président de la Commission centrale de discipline ; n°4 : Wang Huning 王沪宁, 67 ans, idéologue du régime ; Cai Qi 菜奇, 67 ans, n°1 à Pékin ; n°6 Ding Xuexiang 丁薛祥, 60 ans, directeur du Secrétariat du Comité Central, cheville ouvrière opérationnel du Parti ; n°7 Li Xi 李希, 66 ans, n°1 à Canton.
En mars prochain l’ANP entérinera ce choix de l’appareil pour accorder à Xi Jinping un troisième mandat à la présidence de la Chine, tirant profit de la suppression en 2018 de la limitation de la charge de chef de l’État à deux mandats.


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Après avoir siégé une semaine et installé Xi Jinping (69 ans en juin cette année) pour un troisième mandat contre la jurisprudence de l’appareil d’un départ à la retraite à 68 ans, le dimanche 23 octobre le 20e Congrès a dévoilé les sept membres du nouveau Comité Permanent du Bureau Politique.

En dépit des alertes et contrefeux domestiques et stratégiques, Xi Jinping dont l’agressivité mâtinée de nationalisme a subjugué le Comité Central, persiste et signe. La nuance politique collégiale a disparu du sommet du pouvoir chinois. Tous les nouveaux promus sans exception font partie de la garde rapprochée du n°1.

Jamais depuis Mao un dirigeant chinois n’avait autant étendu son emprise sur l’ensemble des rouages du Parti avec une inflexibilité allant jusqu’à l’élimination des opposants emportés dans les « charrettes » de la lutte contre la corruption. Lire : La nébuleuse disparate des opposants à Xi Jinping.

S’étant placé à la tête de plusieurs « groupes dirigeants 领导小组 » du Comité Central dont certains furent créés par lui, Xi Jinping exprime une prévalence politique touchant toutes les strates du pouvoir depuis la haute administration, jusqu’aux provinces en passant par les grands groupes publics, les parlementaires et l’armée.

La connivence étroite entre Xi Jinping et les six membres du nouveau Bureau politique ayant tous au cours de leur carrière exprimé à l’égard n°1 une indéfectible loyauté politique aussitôt récompensée par une promotion rapide, s’enracine aux expériences communes au Zhejiang l’ancien fief politique de Xi et à son bref passage à Shanghai en 2007, année durant laquelle il a mis la dernière main à ses réseaux.

Depuis dimanche 23 octobre, tous ceux qui exprimaient une distance politique avec Xi ont été éliminés, quand bien même leur âge et leur position les qualifiaient pour une promotion ou un maintien au cœur du pouvoir.

Mais alors que le 22 octobre, le Congrès achevait sa session de travail, avant la cérémonie de clôture du 23, mise en scène préréglée de la stabilité et de la sérénité du pouvoir projetant le pays de manière structurée et rationnelle vers la perspective du « rêve chinois » de puissance en 2049, la journée a été marquée par un événement insolite et jamais vu depuis 1978.

Un évènement insolite dans la chorégraphie des apparences.

La photo montre l’ancien président Hu Jintao. Tiré par un assesseur, il semble vouloir s’adresser à Xi Jinping avant de quitter l’amphithéâtre. Xinhua le dit souffrant. Peut-être. Il est aussi possible qu’il ait été heurté par la brutale critique de son bilan par Xi Jinping, le 16 octobre, la transgression des règles de succession et la sèche mise à l’écart des prétendants au pouvoir issus de son clan des jeunesses communistes comme Li Keqiang (65ans) et Hu Chunhua (59 ans) ou Wang Yang (65 ans), dont les convictions libérales pouvaient apporter une nuance politique à la rigide mise aux normes à laquelle se livre Xi Jinping depuis 2013.


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Assis à la gauche de Xi Jinping l’ancien président Hu Jintao, a été escorté vers une pièce adjacente à la salle des Congrès par deux agents qui l’avaient pris par le bras. Aussitôt un « tweet » de Xinhua expliquait que l’ancien n°1 avait eu un malaise.

Mais une vidéo mise en ligne par l’AFP semblait dire autre chose. Elle montrait un des agents tirant avec insistance l’ancien président par le bras, sous les yeux préoccupés de ses voisins. Une fois levé de son fauteuil, Hu sembla vouloir saisir un document placé sur le dossier posé devant Xi Jinping qui, promptement, l’en empêcha en y posant lui-même sa main.

À un autre moment, après que Hu se soit levé et ait discuté avec les deux agents Li Zhanshu, le Président de l’ANP sortant, a semblé vouloir se lever, mais Wang Huning assis près de lui l’en a dissuadé en le tirant par la veste.

Avant de quitter l’amphithéâtre le visage marqué par le désarroi, Hu a échangé quelques mots avec Xi Jinping et Li Keqiang, dont il a tapoté l’épaule avant de s’en aller, toujours encadré par les deux agents dont l’un lui tenait le bras.

La scène a été aussitôt diffusée sur les réseaux sociaux, mais en Chine elle a été sur le champ bloquée par la censure. Elle n’a cependant pas échappé aux nombreux utilisateurs de dispositifs VPN qui cachent leur identité et leur positionnement géographique.

Chine Nouvelle dit que Hu Jintao est malade. Peut-être. Peut-être pas. En tous cas, s’il est vraiment souffrant, ce n’est pas la brutalité du discours de Xi Jinping le jour de l’ouverture du congrès, le 16 octobre, qui aurait pu redresser son moral.

Dans une très rare diatribe contre ses prédécesseurs qui, lors des Congrès précédents s’efforcèrent toujours de s’inscrire dans la continuité politique de l’appareil évitant les polémiques, Xi a, sans ambages, expliqué qu’à son arrivée en 2012, il avait trouvé le pays dans une situation catastrophique, ce que tous les observateurs ont évidemment assimilé au bilan négatif des dix années de Hu Jintao (2002 – 2012).

Impossible qu’il n’en ait pas été affecté.


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