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Vue d’artiste du module Chang’E 4. Lors de sa visite en Chine, en mars 2017 le Roi Salmane d’Arabie avait signé une lettre d’intention avec l’agence spatiale chinoise pour contribuer financièrement à la mission de Chang’E 4. Le protocole faisait partie de 35 projets de coopération dont la valeur totale était estimée à 65 Mds de $. Lire : Les drones chinois 彩虹 en Arabie Saoudite. et Xi Jinping dans le chaudron du Moyen Orient. Quête d’énergie, atouts et limites des influences chinoises.
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Les programmes spatiaux inscrits dans le « rêve chinois » et la « renaissance de la nation chinoise » portent tous des noms de légende.
Ainsi du programme d’exploration de la lune, dont le module est baptisé « Chang E 嫦 娥 », du nom de la déesse patronne des fêtes du 8e mois lunaire, épouse de l’archer Yi ayant abattu neuf soleils, exploit pour lequel il reçut l’élixir d’immortalité. Pour échapper à la jalousie de Fengmeng, un disciple de Yi qui, en son absence voulut dérober l’élixir, Chang’E, le but elle même et disparut vers la lune.
Trois modules lunaires portent son nom : Chang’E 1 – robot spatial lancé en 2007 -, Chang’E 2, vaisseau inhabité, lancé en 2010 et Chang’E 3, module posé sur la lune en 2013 (lire : Chang’e III et le « Lièvre de jade » se sont posés sur la lune.) qui libéra le « Lapin de jade 玉兔 », dont le nom également mythique renvoie aux tâches lunaires en forme de lapin, visibles depuis la terre.
Objectif la face cachée.

Vue d’artiste de la structure tubulaire de la future station lunaire chinoise.
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Le 24 avril dernier, l’agence spatiale chinoise a, par une vidéo, rendu publique son intention de construire une station scientifique sur la lune dont la première étape sera de poser, avant la fin de l’année le module Chang’E 4 sur la face cachée où, dit Wu Weiren directeur du programme d’exploration lunaire, « se trouvent des réserves d’eau et bénéficiant d’un ensoleillement suffisant. »
La station qui sera formée de cabines tubulaires emboîtables abritant des chercheurs devrait, dit l’Agence Spatiale chinoise, être opérationnelle vers 2030. Dans le même temps l’agence rappelle qu’une mission chinoise atteindra Mars en 2020. Si la mission réussissait, la Chine serait ainsi la 4e nation à atteindre Mars après l’URSS, les Etats-Unis et l’Union Européenne.
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Avant le lancement de Chang’E 4, qui emportera également des expériences scientifiques des Pays Bas, de la Suède, de l’Allemagne et de l’Arabie Saoudite, la Chine mettra en orbite en mai prochain un satellite relais, baptisé Queqiao 鹊桥.
Le nom lui-même dérivé du mythe chinois du bouvier (niulang 牛郎) - Altaïr - et de la tisserande (zhinü 織女) – Véga – étoiles situées de part et d’autre de la voie lactée, symbolisant les amoureux séparés dont la rencontre n’a lieu qu’une fois l’an, le 7e jour du 7e mois lunaire, grâce à une vol de pies formant un pont (Queqiao) au-dessus de la voie lactée.
Lancé à partir du site de Xichang (Sichuan) par une fusée Longue Marche 4, « Queqiao » sera l’un des 36 satellites mis en orbite par l‘agence spatiale chinoise en 2018. Il orbitera autour d’un orbite « Halo », Terre – Lune naviguant à 450 000 km de la Terre d’où il sera en contact à la fois avec la Terre et avec la lune.
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Un prototype de la station spatiale baptisée Yuegong – 1 (月宫 – Palace lunaire -) existe déjà à terre, habité par des étudiants chercheurs vivant dans un environnement reproduisant les conditions de vie sur la lune, se nourrissant de vers de farine et de produits qu’ils cultivent en utilisant l’engrais de leurs propres déchets. L’expérience devrait se terminer le mois prochain.
La récente présentation du programme lunaire par l’Agence Spatiale chinoise faisait le point des différents modules et lanceurs « Longue Marche » et insistait sur les contributions scientifiques du programme spatial chinois (exploration des océans et des ressources terrestres, prévisions climatiques, télécom, positionnement).
(Note : alors que jusqu’à présent, plus ou moins ostracisé par les États-Unis et Occident, le programme chinois avançait en marge, le bruit court que Moscou pourrait se désolidariser des programmes occidentaux pour rejoindre les programmes chinois, tandis que, depuis 2016, des informations circulent sur des projets communs entre la Chine et l’Europe précisément autour d’une station permanente sur la lune) ;
L’agence spatiale chinoise a également présenté la structure tubulaire de la future station lunaire, capable d’abriter 3 à 6 astronautes vivant en autarcie pour au moins trois mois et générant elle-même les approvisionnements nécessaires en oxygène, eau et nourriture par recyclage des déchets à quoi s’ajoutera la culture d’algues et d’insectes.