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Tensions en Asie Centrale

L’activisme américain inquiète Pékin et Moscou.

Inquiets des menées des Etats-Unis dans les ex-Républiques soviétiques d’Asie Centrale, Moscou, Pékin et leurs alliés de l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS), viennent de raidir leur attitude vis à vis de Washington, alors que les tensions montent dans toute la zone. La nouvelle posture de la Russie et de la Chine pourrait cependant se heurter à des contradictions qui inciteront au compromis.

Après avoir passé quatre jours à Moscou avec le Président Poutine, le Président chinois Hu Jin Tao s’est rendu à Astana au Kazakhstan le 3 juillet pour le sommet de l’OCS, créée en 1996 (sous le nom de « Groupe de Shanhgaï ») et élargie en 2001, date à laquelle elle accueillait l’Ouzbekistan et prenait son nom définitif. Que la première organisation internationale associant les Etats d’Asie Centrale, la Russie et la Chine ait été fondée il y a près de dix ans, à l’initiative de Pékin, est déjà un fait remarquable. Par tradition la Chine est peu disposée à s’impliquer dans les structures multilatérales. Mais dans ce cas elle y voyait un moyen d’augmenter son influence dans une région sensible et instable, déjà à l’époque convoitée par l’OTAN et qu’elle considère comme un glacis stratégique d’importance cruciale et où l’influence russe restait prépondérante.

La zone jouxte la province chinoise allogène du Xinjiang, elle-même objet de revendications indépendantistes latentes et traversée par des tensions ethnico-religieuses, ravivées ça et là par un activisme pro-islamiste radical mais de faible intensité. Elle est peuplée d’une infinie complexité d’éthnies, cependant reliées entre elles par l’influence de la langue turque et la référence assez générale à un islam modéré, plus ou moins connecté avec des groupes radicaux. Elle intéresse Pékin car elle recèle d’importantes ressources en pétrole et en gaz, notamment au Kazakhstan, autour de la Caspienne, où les compagnies pétrolières chinoises CNOOC et CNPC se frayent patiemment un chemin en dépit des méfiances des grandes « majors pétrolières » occidentales et russes.

Mais surtout cette zone est le théâtre de fortes tensions socio-politiques, dont les dernières en date viennent de s’exprimer au Khirghizistan et en Ouzbekistan. Celles-ci sont parfois nourries par les mouvements islamistes souterrains, mais surtout par la situation catastrophique des économies et la fragilité crispée des systèmes politiques. Pour se perpétuer ces derniers ont durci les contrôles policiers et multiplié les arrestations de dissidents, dérapant à l’occasion vers des répressions brutales, comme celle ordonnée par le Président Ouzbek à Andijan le 13 mai 2005. Washington, qui a fait irruption dans la zone après le 11 septembre, est tenté d’alourdir sa main, pesant sur les situations intérieures très fragiles des Etats de la zone afin d’y déployer sa stratégie globale de promotion de la démocratie.

Ancien glacis soviétique aux confins occidentaux de la Chine, zone politiquement instable, mais riche en gaz et en pétrole sur l’antique route de la soie vers l’Iran, l’Asie Centrale retient d’autant plus l’attention des stratèges chinois que le surgissement brutal des troupes américaines a perturbé la lente et patiente recherche d’influence par les hommes d’affaires et les diplomates de Pékin, à l’oeuvre depuis le milieu des années 90. Les positions de la Chine, gênées par l’activisme de l’OTAN, cherchant depuis 1997 à élargir son influence vers l’Est (Exercices militaires annuels avec Tachkent, Bichkek, Douchambé et Astana), étaient cependant restées fragiles. De même, l’OCS n’avait fait que peu de progrès, handicapée par le manque les moyens financiers, les rivalités sino-russes et les querelles entre les anciennes républiques soviétiques, jalouses de leur indépendance nouvelle. Récemment encore elle n’était guère plus qu’un forum de sécurité sans grande efficacité, où se discutaient des mesures de confiance le long des frontières et des procédures de coordination anti-terroristes.


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