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Quels risques systémiques pour la Chine ?

Depuis la publication le 30 décembre dernier d’un rapport officiel indiquant que les dettes des gouvernement locaux avaient augmenté de 67% en trois ans atteignant 3000 Mds de $, les analyses se multiplient sur les risques de crise financière en Chine.

La plupart des constats spéculent sur les effets délétères à terme de la faible rentabilité des investissements locaux qui financent des infrastructures de transport, des stations d’épuration, des réseaux de télécoms et des projets immobiliers, épines dorsales de l’urbanisation. Tandis que l’accumulation des dettes non recouvrables elles-mêmes reconduites par de nouveaux crédits alloués par des institutions de la finance grise comme les fonds de gestion, pose un risque de réaction en chaîne, avec le spectre politiquement inacceptable pour le pouvoir chinois de faillites bancaires en série.

Les angoisses sont encore montées d’un cran quand le Conseil des Affaires d’État avait révélé en janvier qu’il estimait l’ampleur réelle de la dette chinoise à 218% du PIB – 19 000 Mds de $ - (dette des entreprises, des ménages et de l’État), en hausse de 87% depuis 2008. Selon Liu Yuhui, directeur du pôle financier de l’Académie des Sciences Sociales, même si la croissance du crédit et de la dette ralentissait à terme comme le prévoit la Banque Centrale, il sera nécessaire de mettre en place des structures de défaisance des dettes non recouvrables pour éviter les ruptures des chaînes de financement et des faillites.

Ces craintes se sont concrétisées à deux reprises récemment, avec la hausse brutale des taux d’intérêt en juin 2013 et en janvier 2014 à la suite du refus de la Banque Centrale d’abonder le marché interbancaire. La décision reflétait l’intention du pouvoir d’assainir les marchés financiers. Après que le département de la propagande ait intimé aux journalistes l’ordre de réfréner leurs commentaires sur la hausse des taux d’intérêt, un document interne portant le N°107 confirmait que Zhou Xiaochuan allait continuer à réduire ses interventions sur le marché interbancaire en 2014. La décision obligera les circuits financiers parallèles à plus de prudence et conduira, espère t-il, les fonds de gestion – qui en 2013 furent à l’origine des 12% du financement des entreprises -, à abandonner le circuit du crédit occulte pour revenir à leur activité d’origine de gestion d’actifs et de capitaux.

Ces ajustements sont en cours, de même que le régime a commencé la restructuration de vastes secteurs industriels gaspilleurs fabriquant des produits de faible qualité et peu compétitifs sur la marché mondial. Les obstacles aux assainissements sont nombreux, mais la Chine, dont les marges de manœuvre sont encore substantielles et dont les institutions bancaires sont étroitement sous contrôle, est probablement moins exposée que d’autres économies à un risque financier systémique. En revanche, il faut s’interroger sur la capacité des élites aux intérêts divergents à rester solidaires dans la phase de bascule du schéma de développement qui heurtera nombre de prébendes, tandis que l’alourdissement des charges de l’État réduira progressivement ses marges financières.


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