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Pyongyang. Kim le IIIe droit dans ses bottes ?

Pyongyang et ses voisins coréens et japonais.

En attendant que se confirme ou pas le désastre redouté par Pékin et attendu depuis plus de 20 ans par Washington - dont l’objectif essentiel n’est pas la stabilité du régime nord-coréen, mais la dénucléarisation de la péninsule -, l’analyse de la réaction des États-Unis et des voisins immédiats de Pyongyang, qui sont aussi les membres du dialogue à 6, en panne depuis avril 2009, pourrait donner quelques indications sur l’évolution à court et moyen terme de la situation dans la région.

Celle-ci est aujourd’hui compliquée par les tensions nationalistes entre Pékin et Tokyo à propos des Senkaku/Diayu, et, il est vrai à un degré moindre, entre Tokyo et Séoul, également autour de questions de souveraineté sur l’archipel des Tokdo/Takeshima, cette fois situé en Mer du Japon ou Mer de l’Est pour Séoul.

Alors que l’ONU considère le test nucléaire comme « une claire violation des résolutions du Conseil de Sécurité » et qu’un grand nombre de pays, y compris l’Iran, le Pakistan et la Russie, qui furent par le passé, et à des périodes diverses, proches du régime nord-coréen, condamnent le test, la réaction qui, comme à l’habitude a été la plus analysée et la plus disséquée a été celle de Pékin, parrain malheureux du dialogue à 6, protecteur, sponsor logistique de Pyongyang et principal investisseur au-delà du Yalu.

En Corée du Sud et au Japon, tous deux habitués aux provocations Nord-coréennes et toujours aux premières loges des tensions sur la péninsule, la fermeté des réponses officielles a été en phase avec l’intransigeance des États-Unis, avec cependant un ton et une rhétorique militaires plus agressifs, laissant planer la menace d’une course aux armements.

A Séoul, des drapeaux nord-coréens et l’effigie de Kim Jong Un ont été brûlés par des militants qui conspuent violemment le régime de Pyongyang, tandis que nombre de citoyens ont exprimé leur compassion pour leurs compatriotes du Nord et appelé en secret une réunification hypothétique dont les modalités les obsèdent et les inquiètent.

C’est bien pour répondre à ces aspirations où se mêlent d’une part l’exigence de fermeté à l’égard d’un régime tyrannique et paranoïaque et d’autre part la miséricorde à l’égard des Coréens du Nord martyrisés, que la future présidente élue en décembre, Park Geun-hye, fille du dictateur Park Cheung-hee assassiné en 1979, a rappelé son intention de proposer à Pyongyang des mesures de confiance, en ajoutant cependant qu’un retour positif de Kim Jong Un était essentiel.

Se référant au test du 12 février, elle ajoutait une mise en garde : « même un quatrième ou un cinquième essai nucléaire n’amélioreront pas la situation du pays. La poursuite d’un programme nucléaire conduira à l’autodestruction. L’URSS ne s’est pas effondrée parce qu’elle n’avait pas d’armes nucléaires ».

Quant à l’appareil militaire sud-coréen, il s’est appliqué démontrer sa capacité de riposte précise, héritée de son mentor américain. Le lendemain du test, le ministère de la défense a annoncé son intention de développer un missile balistique à longue portée, après quoi il a fait diffuser la vidéo du tir d’un nouveau missile de croisière, capable d’atteindre des objectifs au nord du 38e parallèle.

« Ce missile a la possibilité de frapper à tout moment et où que ce soit, n’importe quelle cible en Corée du nord – qu’il s’agisse d’un équipement ou d’une personnalité - ». Pour être sûr d’être bien compris, il ajoutait : « le missile est assez précis pour s’engouffrer par la fenêtre dans le bureau du Commandant en chef ».

Au Japon, des manifestations populaires ont aussi violemment dénoncé le test de Pyongyang. La différence avec Séoul est que les scories de l’histoire impériale japonaise au XXe siècle gênent la compassion populaire. Mais, dans les cercles des politiciens de droite, dont est issu l’actuel premier ministre Shinzo Abe, rôde l’idée inquiétante pour la Chine, d’une capacité de première frappe balistique, qui bousculerait l’actuelle interprétation de la constitution pacifiste.

Évoquant ce point avec l’agence Reuter, Itsunori Onodera, le ministre de la défense expliquait : « Si une attaque contre notre pays était imminente et qu’il n’y avait pas d’autre option, la loi nous autorise à déclencher un tir préventif ». Pour atténuer l’effet sur l’Asie, toujours inquiète de la renaissance du militarisme japonais, il ajoutait cependant : « Compte tenu des orientations pacifiques de la diplomatie japonaise, le temps n’est pas encore venu de nous doter de cette capacité, mais nous observons avec attention l’évolution de la situation de sécurité dans la région. »

Une chose est sûre, le nouveau virage agressif de la Corée du Nord pourrait, au grand dam de Pékin, accélérer les projets de défense antimissiles du triangle Tokyo – Séoul – Washington, sous l’égide du Pentagone. La priorité immédiate sera d’installer dans le sud du Japon un radar d’alerte à ondes courtes pour compléter celui déjà opérationnel depuis 2006 au nord de l’archipel.


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