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Par Liu Xinwu
Ils sont des centaines de millions en Chine ces paysans pauvres que nous, Occidentaux, connaissons mal. Beaucoup aujourd’hui joignent les deux bouts en travaillant en ville dans des emplois sans qualification, précaires et mal payés. Paysans sans ressources, migrants par nécessité, ils étaient, jusqu’en 2003, juste tolérés en ville une partie de l’année.
Dans ce petit livre comme dans le précédent (La Cendrillon du canal, publié en français en 2003), l’auteur, Liu Xinwu dépeint leur vie et leurs difficultés d’une manière saisissante. Il nous fait vivre une journée de l’ex-paysan Lao He, dans un baraquement sommaire et dans un emploi d’aide-jardinier municipal le long du canal proche de la porte Andingmen, à Pékin. Dans la baraque, les migrants dorment sur des chalits chacun ayant son sac de riz à coté de l’oreiller. Avec un salaire de 15 yuan par jour, on pense sans cesse à la précarité de l’emploi et au peu d’argent destiné à la famille restée au village, ou aux enfants migrants eux aussi.
Le récit est fait à la fois de la mémoire des amours, des mariages arrangés et des mœurs de la campagne encore toute proche, et des évènements du quartier à Pékin, comme cette loterie qui tourne mal pour un gagnant trop roublard. La vie du migrant, au fond, est bien une loterie où il vaut mieux ne pas espérer trop, mais saisir instantanément et sans se faire remarquer un coup de chance modeste.
Né en 1942, LIU Xinwu est un véritable écrivain, un peintre des groupes sociaux ou des personnages types. Depuis 25 ans, il a abandonné volontairement toute position officielle pour se consacrer à l’écriture et vivre de sa plume. Il est un témoin de l’évolution sociale dans la capitale chinoise.