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« Mort d’une héroïne rouge »

Par QIU Xiaolong

Shanghai est bien la plus occidentale des villes chinoises et la plus chinoise des grandes métropoles mondiales. L’action de ce roman policier s’y déroule vers 1990. Les méthodes d’enquête et la logique de l’inspecteur principal CHEN et de son adjoint l’inspecteur YU nous sont familières comme si leur affaire se déroulait à Paris ou à New York. Mais le contexte social et politique est celui de la Chine de DENG Xiaoping et de Shanghai au lendemain de Tian’Anmen. Bien que ni l’un ni l’autre ne soient évoqués dans cette histoire, la hiérarchie sociale pesante et les ingérences du parti au pouvoir reflètent la société shanghaienne de cette époque et sont au centre de l’intrigue. La souplesse des enquêteurs, leur respect des formes quoiqu’ils en aient, et l’importance des relations marquent le contexte chinois.

Au départ, deux amis vont pêcher dans un petit canal de liaison, éloigné de toute habitation. Le moteur de leur canot accroche quelquechose et, oh surprise, il s’agit d’un sac en plastique noir contenant le corps d’une femme d’une trentaine d’année. CHEN et YU sont chargé de l’enquête parce qu’ils sont à la tête de la « brigade des affaires spéciales » de la « Crim. » de Shanghai ; excellents policiers, l’un et l’autre. CHEN est aussi un poête reconnu qui publie dans des revues et s’exprime souvent par des citations de poésie chinoise classique. L’auteur y ajoute un goût prononcé pour les marchés et la cuisine.

Nos deux enquêteurs ne disposent, a-priori, d’aucun indice. Il sera difficile d’abord d’établir l’identité de la victime. Plus ardu encore de percer le secret de sa vie privée, qu’elle cachait avec soin. CHEN et YU sont, comme il se doit, encadrés par des supérieurs dans l’appareil du parti, mouches du coche qui peuvent toutefois donner des ordres ou faire rapport plus haut. Lorsqu’ils auront des convictions, puis des preuves désignant l’assassin, les obstacles feutrés et les interdits politiques se mettront en travers de leur route. Ils seront bloqués, désaisis et mutés. Le lecteur ne saura pas avant les dernières pages si cette enquête, à la fois classique et extraordinaire, aboutit ou non. Le suspense dure jusqu’au bout.

L’auteur de ce petit bijou, QIU Xiaolong, est né à Shanghai à la fin des années cinquante. De formation littéraire, lui-même poête, il vit depuis une quinzaine d’années aux Etats-Unis, où il enseigne. Il a publié un second livre, « Visa pour Shanghai », également chez Liana Levi, en 2003.


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