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La chute de Kaboul vue de Chine

Parmi les appréciations les plus critiques du retrait américain que certains en Occident assimilent à un « sauve-qui-peut » citons ceux des journaux chinois strictement aux ordres de l’appareil, mais dont la vision mérite attention.

Le 18 août, dans le Global Times édité par le Quotidien du Peuple, sous la plume de Yang Sheng, on lit ceci qui enfonce un coin dans l’Alliance atlantique : « L’évacuation chaotique de l’Afghanistan oblige l’UE à repenser le « leadership de l’alliance occidentale » des États-Unis. Les dirigeants européens expriment leur réflexion au milieu des appels à une politique plus autonome »

Et, pour faire bonne mesure, ce coup de pied de l’âne exhortant l’Europe à se méfier de Washington : « Washington a montré à ses alliés du monde entier qu’il est incapable ou peu disposé à affronter un petit adversaire avec des armes très basiques et à peine plus ou moins 70 000 soldats. Ainsi, à l’avenir, lorsqu’il exhortera ses alliés à défier les grandes puissances comme la Chine et la Russie, très peu suivront ».

Les stratèges chinois s’en mêlent. Le 18 août, Shen Yi, professeur à l’Institut des Relations Internationales à l’Université Fudan de Shanghai, enfonçant le clou du déclin de l’Amérique et de sa définitive perte de crédit en Afghanistan, déclarait à la presse du régime : « En observant la manière déconcertante dont se passe l’évacuation de Kaboul, le monde se demande dans quelle mesure les États-Unis pourraient encore jouer le rôle de leader pour conduire et convaincre leurs partenaires d’affronter de nouveaux défis » (Il pense évidemment aux efforts de Washington pour rallier ses partenaires contre la Chine).

Enfin, ce coup au but, laissant entendre à la fois que l’Amérique est définitivement sur le déclin et que la Chine est bien mieux placée que les États-Unis pour aider les Afghans : « Alors qu’ils ne sont pas capables d’évacuer le pays dans l’ordre, comment peuvent-ils encore prétendre diriger l’Occident ? Ne parlons pas de reconstruire l’Afghanistan ».

Les critiques acerbes des médias officiels chinois contre Washington rejoignent celles de la Russie. A Moscou on est, malgré quelques défiances, d’autant plus tenté de parier sur les Talibans que les Moudjahidines, artisans de la défaite soviétique en 1989, avaient été en partie financés par Washington à partir de l’administration Carter.

La formidable émotion planétaire aidant, amplifiée par les images diffusées sur les réseaux sociaux, le but est atteint. Le message qui s’adresse aux alliés de l’Amérique la présente comme peu fiable.

Il est aussi à usage interne : « La gouvernance » du Parti qui a installé une coopération ordonnée avec les Talibans est infiniment plus efficace que celle de Washington qui s’érige indûment en flambeau de la démocratie et du monde libre.

Indirectement il cible Taïwan à qui le Parti diffuse l’idée que le soutien de Washington dans le Détroit n’est pas garanti.


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