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Photo : Cultures sous serre aux abords des grands centres urbains.
En novembre 2013, le 3e Plenum qui avait fixé la feuille de route des réformes structurelles énonçait que que le problème clé était de « clarifier les relations entre le pouvoir et le marché ». Il s’agissait non seulement de réduire ses interventions dans tous les secteurs de l’économie, mais également d’allouer des ressources budgétaires non plus en fonction des errements antérieurs calibrés à l’aune de la puissance des groupes publics, mais de l’efficacité économique des allocataires.
Le but était d’améliorer la productivité et la qualité des produits et des services. A cet effet il a été décidé de laisser se développer plus librement la concurrence, d’ouvrir le capital des grands groupes publics à d’autres acteurs et de mettre les services financiers des banques d’État en concurrence avec ceux de nouveaux opérateurs.
Véritable secousse pour les mentalités habituées aux interventions protectrices, massives et constantes de l’État, la marche vers l’ouverture dont le premier bilan d’étape a été fixé en 2020, est non seulement handicapée par de fortes résistances internes exprimées, entre autres, par des réformes cosmétiques dont les brouillages tentent de protéger les acquis et prébendes de la nomenklatura et de la machine industrielle étatique, mais également par la nature même du régime, articulée autour des relations étroites entre le pouvoir, le capital et le tissu productif où la priorité va toujours au maintien du taux d’emploi et de la stabilité politique.
Dans un contexte où la croissance s’est contractée à 7,3% - le plus faible résultat depuis 5 ans –, la réforme est aussi ralentie par la tendance du gouvernement à opérer des relances sélectives visant à garantir le taux d’activité, mais dont l’effet pervers est de favoriser la survivance de l’ancien schéma de développement gaspilleur, pollueur et peu productif.
Déjà très complexes pour les secteurs financier et industriel, les réformes tiennent de la quadrature du cercle quand on touche au secteur agricole étroitement lié au rejet idéologique et culturel de la propriété foncière individuelle et privée.
Ce blocage complique l’ouverture vers plus de concurrence dans le secteur agricole et limite la portée de la réforme. S’il souhaite à la fois redynamiser le secteur, assurer les revenus des paysans, augmenter le niveau des assurances sociales et garantir les revenus des administrations locales, tout en préservant la justice et l’équité comme il le dit lui-même, le gouvernement devra réajuster le dogme de la propriété collective, mieux gérer les relations des collectivités de propriétaires avec les fonctionnaires provinciaux et le secteur immobilier et, enfin, élargir l’assiette de l’impôt.
Pour l’heure, ayant ouvert l’immense chantier de la sécurité sociale, l’État envisage seulement d’intervenir plus directement dans les captations de terres par les administrations locales pour limiter les conflits sociaux qu’elles génèrent. Pour le reste – garantie des revenus des administrations locales, mise en place à l’échelle nationale d’un système unifié d’impôts et de taxes et ajustement du dogme de la propriété collective – les réformes sont encore à l’état de projet, d’expériences pilotes ou même restées lettre morte.