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Plusieurs symptômes récents signalant les efforts du pouvoir chinois pour relancer l’économie méritent attention. En miroir, ils signalent une nervosité face au freinage de la croissance, condition de l’emploi et de la stabilité sociale.
Le premier indicateur est que pour la 7e fois en 18 mois, la banque centrale a réduit en moyenne de 50 points le ratio de réserves obligatoire des banques commerciales. Applicable à compter du 16 septembre, la mesure sera à géométrie variable, limitée à 13% pour les petites institutions financières.
Le 2e indice est que le 10 septembre, l’agence publique pour le contrôle des changes a supprimé les quotas limites d’investissements étrangers sur le « marché A » des actions et obligations en monnaie chinoise, à la fois pour les particuliers et les institutions dûment enregistrées à Hong Kong, (Il s’agit de Singapour, de la Grande Bretagne, de la France, de la Corée du sud, de l’Allemagne, de l’Australie, de la Suisse, du Canada, des États-Unis et du Luxembourg.)
En première analyse, rien de neuf. Au fil du temps, les limites ont été progressivement relâchées depuis 2000 quand la Chine négociait son entrée dans l’OMC, mais la tendance s’est accélérée. En 2011, elles sont passées de 80 Mds de $ à 150 Mds de $. En janvier 2019, elles étaient de 300 Mds de $.
La différence est que, si à l’époque, elles avaient été analysées comme un geste de bonne volonté pour favoriser l’admission à l’OMC, puis, depuis 2017, comme un accommodement aux exigences de la Maison Blanche dans la guerre commerciale, aujourd’hui, les mesures apparaissent aussi comme une réaction au freinage de la croissance.
La suppression des quotas. Une mesure d’urgence
Désormais, le plafond de 300 Mds de $ ayant été supprimé, les investissements extérieurs peuvent se passer de l’approbation du contrôle des changes pour acheter des obligations ou des actions.
Pour Bloomberg, il reste à voir quelle sera l’attractivité des mesures pour injecter de l’argent frais dans les 13 000 Mds de $ d’obligations et les 6900 Mds de $ du marché boursier.
Pour l’heure en tous cas, avant la suppression des quotas, les investissements étrangers comptaient seulement pour 111 Mds de $ sur les 300 autorisés. A côté des nouvelles entrées directes, il existait déjà la voie oblique de la connexion des places boursières chinoises avec celle de Hong Kong.
Au bilan, en juin dernier, selon la Banque centrale, les investisseurs étrangers détenaient 281 Mds d’obligations et 224 Mds de $ d’actions. Soit seulement 2,5% des titres boursiers, chiffre qui, à lui seul trace la vaste marge d’ouverture du marché financier.
A titre de comparaison, sur les grands marchés financiers la part des investissements étrangers est nettement plus forte qu’en Chine (chiffres 2017 – FMI et Trésor américain) - En moyenne (obligations et actions) - : Japon : 31% ; Corée du sud : 20%. États-Unis :13 % ; Inde : 9%.
S’il est vrai que les mesures constituent un net progrès de l’ouverture du marché financier chinois dont la marge de progrès est, on le voit, encore importante, une ambiguïté persiste cependant. Celle des procédures de rapatriement des capitaux qui restent difficiles. Pouvant dans certains cas prendre plusieurs mois, elles continuent à freiner les investissements étrangers.
Une confirmation s’impose : les moteurs de l’économie chinoise et de la croissance de dizaines de milliers d’entreprises locales ne sont pas les investissements étrangers, mais bien les injections de capitaux internes par la Banque de Chine.