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Conférence économique centrale. Alerte à l’évasion de capitaux. Un objectif : rétablir la confiance

Après l’accès de fièvre boursière de 2015 et la double baisse du Yuan en août de la même année, la tendance à la fuite de capitaux ne faiblit pas. Le pouvoir ne ménage pas ses efforts pour rétablir la confiance.

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Le 16 décembre a eu lieu à Pékin la conférence économique centrale qui fixe les objectifs et les priorités économiques de l’année à venir. Cette fois, au milieu de nouvelles promesses de rigueur et de réformes de structures confirmant la politique générale de l’offre destinée à mieux contrôler le crédit tout en levant les freins bureaucratiques à l’efficacité industrielle et à l’initiative, la stabilité de la monnaie était clairement au cœur des préoccupations des planificateurs.

Un souci majeur : en 2016, l’affaiblissement régulier du Yuan face au dollar [1] a alimenté la fuite des capitaux (500 Mds de $ en 2016) encore accélérée par la hausse des taux d’intérêts décidée par la réserve fédérale américaine qui augmente l’attractivité du dollar. Pour freiner la tendance et stabiliser sa devise, la Banque Centrale a massivement puisé dans ses réserves de change tombées de 3330 Mds de $ en janvier à 3170 en septembre 2016 (en août 2014 les réserves s’élevaient à 4000 Mds de $). En même temps, en une année, la Banque Centrale a remis sur le marché 14 Mds de bons du trésor américains dont la valeur globale s’était contractée à 1120 Mds de $ en octobre, le plus bas niveau depuis 2010, au point que la Chine, supplantée par le Japon, n’est plus le plus gros prêteur de l’Amérique.

En arrière plan, surnage le principal souci du Politburo : même si la fuite s’est ralentie depuis les secousses boursières de l’été 2015 et janvier 2016 à quoi s’est ajoutée la double dévaluation du Yuan en août 2015, il n’en pas moins que l’épidémie persistante d’évasion de capitaux signale une perte de confiance grégaire dans la machine économique que le régime tente d’endiguer en procédant à des rachats massifs de Yuan, ce qui revient à transférer une partie des réserves de change vers des opérateurs privés par le truchement des marchés financiers.

Une inquiétude latente difficile à juguler.

Le niveau des réserves de changes qui restent néanmoins parmi les plus importantes de la planète accuse un mouvement de baisse régulière depuis le printemps 2014. L’érosion rend compte des efforts de la Banque de Chine pour soutenir sa monnaie face au dollar et enrayer la fuite des capitaux, indicateur d’un effritement de la confiance.

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Le mouvement de fuite qui révèle un soubassement psychologique d’inquiétude est difficile à réguler et encore plus à stopper. D’abord facilité par le pouvoir lui-même ayant incité les entreprises publiques en difficulté, notamment celles des vieux secteurs productifs de l’acier et du charbon, à investir à l’étranger, il s’étend aujourd’hui au secteur privé et aux particuliers.

D’où l’épidémie d’achats immobiliers et de valeurs boursières hors de Chine. Un signe qui ne trompe pas, à la bourse de Hong Kong les achats de titres par des citoyens du Continent ont bondi de 64% en septembre par rapport à août. La tendance est l’œuvre depuis plusieurs années, tirant profit de la connexion des places financières de Hong Kong et Shanghai établie en novembre 2014. Lire notre article La Chine rehausse son rôle dans les finances mondiales

Initialement mise en place pour faciliter l’apport de capitaux étrangers en Chine, le canal facilite aujourd’hui les transferts inverses de sommes considérables hors de Chine. Une accélération avait eu lieu au printemps 2015 quand la Banque Centrale avait autorisé des fonds mutuels du Continent à investir dans la bourse de Hong Kong. Rapidement le quota de journalier de 1,69 Mds de $ instauré lors de la création de la passerelle avait été atteint sous les encouragements des autorités financières elles-mêmes. Le 8 avril 2015, un article du site boursier chinois 中正 网, titrait « 走 ! 买 港股 去 » (En avant ! Achetez des actions à Hong Kong).

Pour autant, il existe aujourd’hui des signes que la frénésie dérape vers des conséquences indésirables. Selon le journal Epoch Times, le réseau des fonds mutuels chinois est essentiellement géré par des financiers du court terme spéculant sur l’ignorance des petits porteurs eux-mêmes échaudés par les fragilités du marché immobilier les incitant à chercher des solutions alternatives.

Résultat : 800 Mds de $ ont migré vers la bourse de Hong Kong dont le rapport reste attractif notamment dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information avec un prix des actions 30% moins élevé qu’à la bourse de Shanghai.

Mais, un article du 8 avril 2015 du WSJ mettait déjà en garde contre la contagion spéculative du court terme portant en elle un risque pour l’équilibre financier de Hong Kong. En mai dernier, une dépêche de Reuter faisait état d’une opération de contrôle conduite par les douanes de la R.A.S pour freiner les transferts illégaux de capitaux venant de Chine après les secousses de la bourse de janvier 2016 et les tendances persistantes à la dépréciation du Yuan par rapport au Dollar.

Note(s) :

[1S’il est vrai que le Yuan faiblit face au dollar (moins 7% en 2016), essentiellement du fait de la hausse de la monnaie américaine, en revanche le Yuan reste stable face aux autres devises majeures. Le 1er octobre 2016, conformément aux décisions du FMI de décembre 2015, le RMB a intégré le panier de monnaies déterminant le cours des Droits de tirage spéciaux du FMI.

Le RMB représentera 10,9% de ce panier, d’avantage que la livre britannique (7,92%) et le yen japonais (8,4%), mais moins que l’euro (31,1%) et le dollar américain (41,68%). Ces pondérations qui prennent en compte la moyenne des cours des différentes monnaies pendant les trois mois précédents la révision, resteront inchangées jusqu’à la prochaine révision en octobre 2021. 
(Source bulletin économique Chine de novembre 2016). Lire aussi : Le Renminbi accède au cercle fermé des monnaies de référence du FMI


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