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2019-nCov. Rigidités politiques. Psychose et contrefeux antichinois

Avec ses 1.400.000.000 d’habitants, la Chine est le rouleau compresseur des statistiques. Quand elle aligne ses productions de porcs et ses batteries de poulets, le paysan breton et le fermier de Loué dans la Sarthe sont tétanisés, rayés de la carte.

Il n’y a que pour les morts du coronavirus 2019-nCov que ses chiffres restent dans le dérisoire. Je vous laisse calculer le pourcentage, en mettant 1.400.000.000 au dénominateur. Vous avez plus de chance de gagner au loto que de mourir de cette maladie.

Avec un taux de mortalité global légèrement en-dessous de 8 pour mille, il se meurt en Chine environs 10 millions de personnes par an, soit environ 800 000 par mois.

Mais alors, pourquoi la mort, mathématiquement insignifiante, d’un peu plus de 1000 Chinois en deux mois, fait-elle trembler le monde ?

Il y a au moins, trois réponses à cette question.

Peur du mystère et défiance.

La première, c’est qu’un coronavirus, cela n’a pas de goût, ça ne sent rien et ça ne se voit pas. C’est ce caractère insidieux qui pousse les gens à la panique. La voiture, par exemple, fait, en France, 300 victimes par mois… Pourtant, personne n’a pensé instaurer des contrôles de permis aux postes frontières. Le coronavirus, c’est comme le nucléaire, cela vous expose à des risques invisibles ; c’est déloyal.

La deuxième raison est que ce virus est « made in China ».

Disons-le crûment, le « made in China » n’est pas un label de confiance. Faites l’expérience. Mettez par exemple un gros « made in China » sur un jouet de bébé ou sur une boîte de lait en poudre pour nourrisson et regardez la tête de la mère quand le gamin commence à sucer le jouet ou à boire le lait.

Quoi qu’il en soit et en dépit des efforts chinois pour améliorer l’image et la qualité de ses productions, l’impression qui surnage est que le « made in China » est le symbole de la recherche de profits à n’importe quel prix, au détriment de la qualité, de la morale, de l’éthique, de la santé et de la sécurité.

En arrière-plan flottent toujours les soupçons de la contrefaçon pour le bas de gamme et de vol de technologie pour les produits « high-tech ». Avec, l’accusation de ne pas respecter les lois du marché, les plaintes contre les captations de technologies sont au cœur du conflit commercial sino-américain.

Bref, beaucoup considèrent avec suspicion et avec la plus grande méfiance, tout ce qui arrive de Chine. Dès que quelque chose paraît un tant soit peu anormal, on craint le pire.

Vous pensez que c’est exagéré ?

Regardez ce qui s’est passé avec le Mers-coronavirus. Lui, venait du Moyen-Orient… Il se propageait un peu moins vite que le coronavirus chinois mais était vingt fois plus mortel. Vous admettrez qu’il est aussi dangereux, sinon plus, mais qu’il est loin d’avoir semé la même panique. Un peu d’hystérie en Corée du Sud. Mais rien à voir avec son cousin chinois qui fait trembler le monde.

Que se passerait-il si le Mers-coronavirus passait en Chine, sous les fourches du Parti, à l’occasion, par exemple, d’un retour du Hajj… Avec un nouveau label « made in China » et un coefficient multiplicateur de 1 400 000 000… ? La réponse est dans la question.

Opacité, propagande et vérité.

La troisième raison me semble être que plus personne n’accorde beaucoup de crédibilité, en Chine et hors de Chine à la parole publique de Pékin. A force d’avoir favorisé l’opacité plutôt que la transparence et le mensonge de propagande plutôt que la vérité, le Parti s’est presque complètement décrédibilisé.

A l’extérieur, par exemple, dès la parution des premiers bulletins rassurants, indiquant que l’épidémie était sous contrôle, TOUS les voisins ont aussitôt renforcé leurs contrôles sanitaires aux aéroports et aux frontières.

A l’intérieur, la population ne croit plus, depuis belle lurette, à la propagande gouvernementale. Elle multiplie ou divise par dix, voire par cent les chiffres qu’on veut bien lui communiquer.

Le doute plombe systématiquement la crédibilité de tous les communiqués de victoire et les messages rassurants. A l’information officielle répondent souvent d’inquiétantes rumeurs toxiques. Alors quand on décide de mettre plusieurs dizaines de millions de personnes en quarantaine, il ne faut point s’étonner que tout le pays se barricade.

Le vrai ciment, celui qui tient encore solidement le pays, c’est la bonne santé économique et son corollaire de la croissance. Le gouvernement central l’a bien compris, qui privilégie, à tout prix et par tous les moyens la stabilité économique en favorisant, quand besoin est, la survie des entreprises obsolètes, subventionnant des secteurs défaillants et maintenant la paix sociale au mépris des contraintes industrielles, écologiques, financières, économiques et commerciales.

Le coronavirus s’attaque à la fois à cette paix sociale et à l’économie du pays ; c’est peut-être là son aspect le plus létal.

Hors de Chine, la crise induit de préoccupants rejets des populations asiatiques, n’ayant rien à voir avec Wuhan ou la Chine continentale.


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