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›› Editorial

Un nouveau Bureau Politique sans aspérités, dévoué au volontarisme rénovateur de Xi Jinping

Le mercredi 24 octobre, sur la scène du Grand Palais du peuple le président Xi jinping a rituellement présenté le nouveau comité permanent, cœur politique du régime, au congrès du parti. Ceux qui attendaient des coups de théâtre ou des transgressions, secousse contestant le pouvoir sans partage du Président, désaveu de Li Keqiang ou l’abandon de la règle non écrite de départ à la retraite des plus âgés, en sont pour leurs frais.

Le président a consolidé son pouvoir, les anciens sont tous partis, y compris Wang Qishan (69 ans) dont on disait que le président voulait le garder comme fer de lance de la lutte anti-corruption et Li Keqiang est toujours à sa place, au 2e rang protocolaire. Pour la répartition des tâches gouvernementales et parlementaires, il faudra cependant attendre mars 2018 et la réunion annuelle de l’assemblée nationale.

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S’il est vrai que, pour l’heure, la transition n’a pas réservé de surprise majeure, il serait cependant erroné de croire que ce 19e Congrès continue sur la lancée politique des précédents. Avec un âge moyen de 62 ans et 10 mois, moins élevé que les 63 ans et 3 mois du comité précédent, le nouveau cœur politique du pouvoir chinois a cette particularité qu’il n’a pas aspiré de prétendant futur au pouvoir suprême.

Les « jeunes loups » d’avant 2012 ont soit été éliminés comme Sun Zhengcai, soit sont restés à leur place au Bureau Politique comme Hu Chunhua 54 ans, le n°1 à Canton ancien secrétaire de la ligue de la jeunesse proche de Hu Jintao.

Quant à Chen Miner 57 ans, le protégé de Xi Jinping, ancien n°1 du Guizhou, nommé à la mi-juillet 2017 à la tête de la municipalité de Chongqing en remplacement de Sun Zhengcai, nouveau venu au sein des 25 membres du « politburo », il n’a pas bénéficié de la promotion directe au Comité Permanent dont Xi Jinping et Li Keqiang avaient été gratifiés en 2007.

Lire : 19e Congrès : Qui est Chen Miner 陈 敏 尔 ?

L’autre caractéristique de ce Congrès est que, même si le Comité permanent accueille Wang Yang et Han Zheng, deux hommes provenant de factions rivales, il n’en est pas moins vrai qu’il scelle la toute puissance de Xi Jinping aujourd’hui incontesté à la tête du Parti : « le plus puissant dirigeant chinois depuis Mao » titrait la presse officielle chinoise, le 24 octobre dernier.

Une équipe de « conseillers »…

Au total, la nouvelle équipe formant le cœur du pouvoir chinois et la figure de proue des près de 90 millions de militants de la machine politique du régime, ne compte pas d’étoile montante, mais se présente comme un agrégat de conseillers économiques et politiques fidèles à Xi Jinping, par conviction ou par opportunisme.

Tous âgés de 60 ans et plus, aucun ne peut se poser en rival du maître du Parti, dont il n’est pas exagéré de dire qu’il est le plus puissant n°1 de l’après Deng Xiaoping, probablement aussi le plus volontariste et le plus inflexible, déterminé à conduire la Chine vers la puissance et la modernité. A cet effet, cherchant sans détours l’efficacité directe sans intermédiaire, il a pris la tête de nombreuses commissions qu’il a lui-même créées pour superviser l’avancement des réformes et les stratégies extérieures du pays.

A cet égard, il est intéressant de noter que, tout en se réclamant de Deng Xiaoping, les discours du parti s’éloignent progressivement de la modestie prônée par le « petit Timonier ».

A l’intérieur, sans que la notion ait complètement disparu, la parole publique fait de moins en moins référence à l’idéal d’une société « modérément prospère » héritée de l’histoire ancienne chinoise « 小康社会 - xiaokang shihui », tandis qu’à l’extérieur, le « rêve chinois – 中国梦 » de renaissance (复兴) s’affirme sans complexe, tournant le dos aux conseils de prudence des dernières années de Deng qui, avant sa mort, conseillait de « cultiver ses talents dans l’ombre 韬光养晦 – tao guang yang hui ».

…Et une poignée de fidèles.

Après Xi Jinping et Li Keqiang, le n°3 est désormais Li Zhanshu 67 ans, le plus âgé de l’équipe. Alliant l’expérience de terrain au Hebei, au Shaanxi et au Guizhou dont il fut le n°1 de 2010 à 2012, à la clairvoyance tactique et stratégique, Li est un fidèle de Xi Jinping ayant en plus une solide expérience des arcanes du parti acquise lorsqu’il était Président de la commission d’organisation du Shaanxi.

Homme de confiance aux responsabilités multiples à la tête du secrétariat du Comité Central, il est familier d’une longue série de questions allant du renforcement de l’assise politique du parti à l’économie et à la sécurité en passant par la politique étrangère et les réformes légales. Logiquement, il devrait prendre les fonctions de président de l’assemblée nationale en mars prochain à la suite de Zhang Dejiang.

Le n°4 dans la hiérarchie de l’appareil est Wang Yang, 62 ans. D’origine modeste, ancien n°1 à Chongqing et à Canton, remarqué par Deng Xiaoping alors qu’à 37 ans, il achevait sont mandat de maire de Tongling, à l’ouest de Shanghai, Wang membre du Comité Central et du Bureau politique depuis 2007, fut une jeune étoile montante à qui le 18e Congrès avait coupé les ailes.

En 2012, après les échauffourées sociales dans sa province de Canton et les émeutes de Wukan en 2011, jugeant que ses idées politiques d’ouverture aux syndicats et au dialogue avec les manifestants ouvriers pouvaient nuire au parti, les conservateurs du parti avaient bloqué son ascension.

Dans la nouvelle équipe au sommet, Wang Yang, ayant finalement accédé au « saint des saints », vient de la ligue de la jeunesse et de la mouvance Hu Jintao. Avec Li Keqiang, premier ministre subjugué par le Président, Zhao Leji, venant lui aussi de la ligue de la jeunesse rallié avec armes et bagages et Han Zheng l’opportuniste maire de Shanghai issu des « élitistes » de la côte Est, il est l’un des seuls dont les racines trempent dans une mouvance politique clairement rivale de celle de Xi Jinping. Avant 2012, à 57 ans, il avait le vent en poupe et on parlait de lui comme un futur successeur.

Mais son heure est passée. Promu vice-premier ministre en charge de l’économie en 2013, il n’est plus en mesure de batailler contre Xi Jinping, dont l’emprise sur le parti est désormais sans égale.

Wang sera probablement le successeur de Yu Zhengcheng à la Conférence consultative du peuple chinois.

Son influence y sera limitée. En tous cas sans commune mesure avec celle de l’idéologue du régime qui, depuis les milieu des années 90, « murmure à l’oreille » des dirigeants, transformant en doctrines successives les ajustements du marxisme-léninisme aux réalités de la Chine et du monde.


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