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›› Chronique

Vive la civette !

Il est sans doute trop tôt pour mesurer l’impact de l’épidémie de SRAS sur les activités économiques en Chine. La croissance semble rester vigoureuse, tant ses deux moteurs principaux, à savoir le commerce extérieur et l’investissement public, fonctionnent encore à plein régime. La faiblesse du dollar a par ailleurs littéralement dopé les exportations, tandis que le gouvernement de Pékin s’est lancé, depuis plusieurs années déjà, dans une course frénétique aux grands travaux, dans les domaines divers, tant civil que militaire, en passant notamment par un programme spatial de grande envergure. Maintenir le taux de croissance annuelle aux environs de 8% ne cause pas de souci, mais les vrais problèmes viennent d’ailleurs, du côté de la consommation, précisément.

Si les effets de la pneumonie atypique restent encore difficiles à évaluer à l’échelle d’une nation, ils pèsent d’ores et déjà d’un poids considérable sur les ménages qui ont le malheur d’en faire expérience. Leur pouvoir d’achat tiré des revenus disponibles connaît une diminution brutale car la Santé appartient dans une large mesure au secteur marchand. Selon une information publiée par le « Quotidien du Peuple », le coût de traitement d’un cas de SRAS s’élève en moyenne à 10 000 yuan, comprenant les frais d’hospitalisation d’une vingtaine de jours en milieu isolé, les transports en ambulance et l’ensemble des produits pharmaceutiques, dont l’efficacité reste à prouver. La somme représente, grosso modo, le salaire net annuel d’un ouvrier ou employé à Pékin et reste hors de la portée d’un grand nombre de familles.

Le problème est que le système d’assurance maladie ne couvre aujourd’hui qu’une minorité de la population. Si les fonctionnaires et les employés du secteur public bénéficient d’une couverture souvent limitée en montant annuel, le reste de la population en est complètement dépourvue. La situation des travailleurs issus de l’exode rural est particulièrement dramatique. C’est là l’une des difficultés non négligeable pour contrôler la propagation du virus car certains malades ne vont simplement pas à l’hôpital pour y être soignés, faute d’en assumer le coût !

Certes l’Etat chinois a décrété dans l’urgence la gratuité de soins pour tout malade atteint de la pneumonie en question, seulement, l’application n’en est pas chose aisée. Le remboursement des frais médicaux est notamment conditionné par le diagnostic formel de la maladie. Cela constitue une véritable catastrophe pour ceux chez qui la présence du coronavirus n’est pas attestée. Ils subissent la quarantaine, reçoivent les mêmes traitements mais ne bénéficient pas la gratuité de soins. L’épidémie révèle en plein jour les lacunes du système de santé publique.

Aujourd’hui, l’animal vedette en Chine est la civette, un petit mammifère de la famille des chats dont la chair est très appréciée dans les grands restaurants de Canton et d’ailleurs. Des recherches scientifiques l’ont identifié comme le réservoir naturel du virus causant le SRAS chez l’homme et il est du jour au lendemain devenu l’ennemi public n°1 dans tout le pays. Craignant de payer d’énormes frais de stérilisation sur les lieux d’élevage, les éleveurs les ont simplement lâchés dans les forêts avoisinantes. Le félin a encore de beaux jours devant lui !


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