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Signes de dégel de la question nord-coréenne

La Chine, attachée au statu quo, n’est pas disposée à exercer des pressions.

Depuis quelques années ces idées n’ont plus cours. Le fait est que les événements de 2009 et 2010 montrent que Pékin adopte une posture moins disposée à exercer une pression sur son allié.

En 2009, un mois après la 2e explosion nucléaire on assistait aux visites croisées du fils de Kim Jong Il en Chine, du Premier Ministre et du Ministre de la défense chinois à Pyongyang ; après le torpillage du Cheonan en 2010, où Pyongyang nie sa responsabilité, la Chine s’abstenait de condamner la Corée du Nord. Au lieu de cela, elle accueillait ostensiblement Kim Jong Il trois fois en visite en l’espace d’une année.

A Zhongnanhai, contrairement à Pyongyang, on ne mentionne plus que discrètement le versant militaire du traité d’amitié et de coopération, signé en 1961 - étendu deux fois en 1981 et 2001 et valable jusqu’en 2020 - pour insister plutôt sur son volet économique. Dans ce contexte, le maître mot de la politique chinoise est aujourd’hui le statu quo, tandis que seuls les risques de déstabilisation du régime nord-coréen seraient de nature à faire sortir la Chine de sa réserve.

On peut donc s’attendre à l’approfondissement des coopérations économiques dans la région de Rajin, principal outil chinois de l’appui à la transition en cours entre Kim Jong Il malade et son fils Kim Jong Un, âgé de 28 ans. Il est évident que, dans l’esprit de Pékin, cette aide est aussi entendue comme une garantie contre l’aventurisme militaire. Quant aux pressions que Washington, Séoul et Tokyo suggèrent à Pékin d’exercer de temps à autre, il apparaît que la Chine les considère désormais comme un risque.

Sunny Lee, analyste sud-coréenne souligne qu’en 2006, après la 1re explosion nucléaire, Pékin s’était essayé à une réprobation publique de Pyongyang, traitant le régime d’irresponsable - 悍然 - hanran -. Selon les analystes chinois, la réaction augmenta encore le caractère imprévisible des Nord-Coréens qui répondirent de moins en moins aux injonctions de Pékin et firent même exploser leur deuxième engin nucléaire à moins de 80 km de la frontière chinoise.

Ces développements servirent de leçon à Pékin qui en tira la conclusion que la seule stratégie possible pour tenter de freiner les dérapages intempestifs serait désormais la coopération. Plus encore, Shi Yinhong, professeur de relations internationales à l’Université de Pékin, s’inscrit en faux contre les analyses occidentales qui, spéculant sur la capacité de la Chine à asphyxier Pyongyang, lui accordent un rôle capital dans la question nord-coréenne. Il explique : « jusqu’à présent la Chine n’a jamais exercé ce type de pression. Elle ne le souhaite pas et elle n’est pas la clé du problème ».

Sans nier l’importance de la dénucléarisation de la Corée du Nord, la Chine place clairement en tête de ses priorités la stabilité de son voisin. Alors que depuis de longues années les stratèges américains anticipent un effondrement du régime et s’y préparent - ils ont même tenté, sans résultats, d’associer Pékin à une planification commune pour y faire face - ils doivent se rendre à l’évidence que le régime chinois fera tout pour l’empêcher. Plus encore, il interviendra autant que nécessaire pour faire livrer à Pyongyang les aides alimentaires dont il a régulièrement besoin et que Washington et Séoul lui refusent parfois en temps de crise. [3]

C’est dans ce cadre, qui, au demeurant, ne préjuge pas de la solidité du régime nord-coréen, que les Etats-Unis et les membres du dialogue à 6 devront désormais agir pour obtenir l’abandon du programme nucléaire militaire. En gardant en mémoire que Pyongyang menacera de le remettre en route tant qu’il n’aura pas obtenu de Washington ce qu’il cherche depuis toujours : des garanties de sécurité qui pourraient déboucher sur un traité de paix.

En 2010 Jimmy Carter avait déjà réussi à faire libérer un citoyen américain condamné à 9 années de prison pour avoir pénétré en Corée du Nord par la frontière chinoise. En 2009, c’est l’ex-président Clinton qui s’était entremis pour faire libérer 2 journalistes américains d’origine sud-coréenne, condamnés à 12 années de prison.

Note(s) :

[3Fin avril 2011, l’ex Président Carter, en visite en Corée du Nord pour négocier la libération d’un nouvel otage américain, avait durement critiqué Séoul et Washington qui refusent une aide humanitaire à la Corée du Nord accablée par la famine.


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