›› Chine - monde
Du 8 mai au 20 mai derniers, un groupe de pirates nord-coréens non identifiés, évoluant en Mer Jaune à bord d’un bateau de pêche équipé d’armes de guerre, a retenu en otages 28 marins chinois, ainsi que leurs trois chalutiers qui furent dépouillés de tout leur équipement radio et matériels de pêche.
Avant la libération des otages, les pirates qui réclamaient une rançon de 150 000 €, réduite à 120 000 après négociations, ont, sous la menace, obligé les captifs à signer une reconnaissance selon laquelle ils avaient été bien traités. Le document attestait aussi qu’ils se trouvaient à l’intérieur des eaux nord-coréennes au moment de leur capture. Arrivés en Chine le 21 mai à l’aube, les otages ont démenti, clamant au contraire n’avoir jamais quitté les eaux internationales, avoir été battus, mal nourris et séquestrés dans des réduits inconfortables.
L’incident a soulevé la rancœur des Chinois y compris au plus haut niveau. Dans les cercles de chercheurs, les commentaires tournent en dérision l’expression consacrée d’une alliance aussi imbriquée que « les lèvres et les dents », soulignant qu’aujourd’hui les « dents mordaient souvent les lèvres ». Au point qu’on s’interroge sur une possible inflexion de la politique chinoise. Du coup certains spéculent sur le réalignement de Pékin contre Pyongyang, se rapprochant des points de vue de Washington, Tokyo et Séoul.
Mais toute l’histoire des relations sino nord-coréennes montre qu’en dépit des lourdes divergences de nature entre les deux alliés, et malgré les agacements récurrents de Pékin, un réajustement fondamental de la trajectoire de la Chine sur ce théâtre est encore improbable. La raison en est d’abord qu’au-delà de toutes les rationalités évoquées, la Corée du Nord est peu à peu redevenue un enjeu majeur de la compétition stratégique sino-américaine.