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›› Chronique

Les maladresses diplomatiques du Camarade Hu

A chaque changement du pouvoir à Pékin, le pronostic de l’apparition d’un Gorbachev chinois revient immanquablement. Dans ce domaine, le public a la mémoire courte. A ce rythme, nous aurions connu trois ou quatre Gorbatchev dans la Cité interdite depuis une quinzaine d’années, mais l’histoire en a décidé autrement. Et le Camarade Hu Jintao n’échappe pas à la règle : au lieu des assouplissements dans sa conduite politique que souhaitent nombre d’observateurs occidentaux, il préside à un durcissement général, non seulement en politique intérieure, mais aussi contre toute attente dans le domaine diplomatique.

Même si le « développement pacifique » reste le mot d’ordre dans tous les discours du gouvernement chinois, une série d’événements depuis six mois indiquent un changement de cap de sa diplomatie : des tensions apparaissent pratiquement sur tous les fronts, avec le Japon, les Etats-Unis et même, bien que dans une moindre mesure, avec la Russie.

Le Japon constitue la première cible de la nouvelle politique extérieure chinoise. Les relations sino-japonaises se sont détériorées ces dernières années, mais les différends auraient pu se limiter aux dossiers énergétiques : les deux pays sont rivaux aussi bien pour l’exploitation de champs gaziers en Mer de Chine orientale que pour le choix du premier trajet du pipeline transsibérien. Seulement, depuis plusieurs mois, les réactions chinoises vis-à-vis du Japon sont des plus virulentes. L’envoi d’un sous-marin nucléaire dans les eaux territoriales japonaises au début de novembre dernier, tout comme les critiques incessantes des visites annuelles de Junichiro Koizumi au temple Yasukuni constituent autant de preuves d’un refus délibéré de dialogue de la part de Hu Jintao.

Avec les Etats-Unis, le changement est plus subtil. Même si les officiels des deux pays continuent d’afficher un optimisme de commande, l’ère de la quasi alliance se termine. Les trois piliers de l’entente sino-américaine - à savoir la coopération sur le dossier nucléaire nord-coréen, les luttes anti-terroristes et le commerce bilatéral - sont sérieusement ébranlés. Sur le premier sujet, les Chinois ne semblent plus aussi actifs auprès des nord-coréens, alors que le commerce bilatéral est affecté par la faiblesse du yuan. Enfin, probablement en réponse à l’inaction chinoise sur le dossier coréen, les Etats-Unis ont refusé d’extrader des prisonniers d’origine chinoise (plus précisément ouïgours) vers Pékin.

Si la Chine demeure le premier client de l’industrie russe d’armement, le partenariat entre ces deux pays, qualifié de stratégique, n’est pourtant pas une résurrection de l’axe sino-soviétique des années 1950. En effet, la méfiance mutuelle héritée de la rupture entre Khrouchtchev et Mao continue de peser sur les relations bilatérales. L’avortement du projet de pipeline Angarsk-Daqing en donne une parfaite illustration.

Bien que l’on ignore les véritables raisons du raidissement de la politique extérieure de Hu Jintao, le nouveau numéro un chinois n’est assurément pas un Gorbachev en puissance. Sous certains angles, il ressemble davantage à Brejnev, ce qui peut donner le tournis à bon nombre d’observateurs.


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