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›› Editorial

L’harmonie en question

Primauté du contrôle policier, sur fond de préoccupations sociales.

S’il est vrai que la série d’incidents violents ici et là ne menace pas la pérennité du régime, elle n’en éloigne pas moins la société de l’idéal d’harmonie, fil conducteur de l’équipe au pouvoir depuis 2002. Le rêve d’une symbiose apaisée entre le peuple et l’oligarchie paraît d’autant plus inaccessible que les éléments déclencheurs des émeutes renvoient tous, sans exception, à des abus de pouvoir ou dénis de justice, imputables à la police, à l’administration ou à ses affidés, et dont le dénouement, parfois dramatique et violent, provoque l’embrasement d’internet et les réactions brutales d’une foule excédée.

Ces crises sociales, que Pékin appelle des « incidents de masse » ne sont pas nouvelles, mais elles sont en augmentation rapide au point que, depuis 2008, le pouvoir a cessé d’en rendre compte. La contagion aux zones urbaine est une évolution inquiétante, touchant, au moins dans la région de Canton, à la difficile intégration dans les villes des travailleurs migrants, soutiers anonymes et méprisés du miracle chinois, jusque là laissés pour compte du développent et qui, depuis quelques années, relèvent la tête.

Les premières réactions du pouvoir à ces débordements qui l’inquiètent et ternissent son image, sont bien plus ouvertes que par le passé, marquées par des comptes rendus rapides des médias officiels et des réponses policières mesurées. Mais assez vite, le flux d’informations se tarit, les sites des incidents sont interdits aux journalistes, la censure s’installe, le web est bloqué, tandis que la police armée populaire et les unités anti-émeute quadrillent les quartiers sensibles.

Il fut un temps où le Parti donnait l’impression d’écouter les chercheurs qui incitaient au dialogue et aux réformes, sur l’intégration des migrants, la sécurité sociale, les évictions illégales, les retraites, le système de santé et les abus de pouvoir. Mais aujourd’hui les priorités ont changé.

Les projets sociaux n’ont certes pas été mis sous le boisseau. Le Parti organise des séminaires sur « la gestion douce » des troubles de société et intervient pour faire augmenter les salaires, tandis que la résolution des conflits inclut systématiquement une part d’attention portée aux difficultés des personnes et aux injustices. Mais l’argent manque, les progrès sont lents, les industriels craignent la hausse des coûts de production, alors que le souci absolu, qui semble prendre le pas sur tout le reste, est le contrôle étroit de la population pour éviter une contagion.

Au Comité Permanent c’est Zhou Yongkang, en charge de la sécurité publique qui, en ces moments de troubles, où la ligne du pouvoir semble hésitante, tient le haut du pavé avec une stratégie bien rôdée de prévention des incidents par un quadrillage étroit des quartiers ou des zones sensibles, mis en place avec une célérité remarquable, grâce à un système d’information très efficace.

Ce dernier est encore appuyé par l’apport récent des réseaux du Front Uni, dont le Directeur Du Qingling vient d’expliquer le rôle de mobilisation des forces non communistes « en appui de la gestion sociale conduite par le gouvernement ». La déclaration de Du Qingling était publiée dans le China Daily du 27 mai dernier, le lendemain de l’attentat à l’explosif perpétré contre le tribunal de Fuzhou, petite ville de la province du Jiangxi, par Qian Mingqi, un homme d’affaires mis sur la paille et exproprié contre une compensation sans commune mesure avec le préjudice subi.


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