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Financier très compétent et apprécié en son temps par l’ex-premier Ministre ZHU Rongji, vice-ministre des Finances de 1998 à 2007, LOU Jiwei est maintenant président de China Investment Corp. (CIC), le fonds souverain chinois au capital de 200 milliards USD. Il vient de séjourner en cette qualité à Washington pour rassurer les autorités financières et monétaires américaines sur le comportement du CIC, chargé d’investir différemment une part des réserves chinoises en devises (1.530 milliards USD fin 2007).
LOU a affirmé que son institution n’a aucune intention de prendre le pouvoir dans de grandes entreprises occidentales : “nous sommes comme des paysans, a-t-il dit, nous voulons cultiver notre ferme au mieux”. Le CIC a bien acquis en décembre une part de 5 milliards USD chez Morgan Stanley, mais selon LOU Jiwei, la partie américaine avait fait les premiers pas et, l’opportunité se révélant très bonne, le CIC s’est aligné sur son deuxième principe : “si c’est un bon gros lapin, nous le tirons aussi”.
Il y avait bien eu aussi, en mai, l’investissement de 3 milliards dans le groupe Blackstone (fond boursier privé), mais M. LOU assure qu’un tiers seulement de ses 200 milliards seraient investis à l’étranger. Les autres deux tiers doivent être utilisés à étayer trois banques commerciales chinoises. Le CIC n’aurait aucune intention de prendre une majorité de contrôle dans quelque firme que ce soit. Il sera “un bon citoyen professionnel” et n’investira pas dans des companies qui détruisent l’environnement, gaspillent l’énergie ou produisent du tabac.
Enfin le président du CIC comprend que les Américains “s’inquiètent de la taille de notre capital et aussi que des gens s’inquiètent de nos motivations”. Mais le premier Ministre WEN Jiabao aurait garanti que le gouvernement chinois n’interférerait jamais dans les décisions du CIC, doté d’une direction indépendante et transparente.
En bref, LOU Jiwei a fait de son mieux pour se presenter lui-même comme le dirigeant responsable d’une institution capitaliste respectant les us et coutumes de la Finance internationale. Mais ne préjugeons pas du long terme. A court et moyen termes, sa priorité est de cultiver la confiance et de ne faire peur à personne, surtout aux Etats-Unis, de loin encore première puissance du monde, dont la Chine a tant besoin, en raison même de sa force de frappe financière dans le futur, de sa monnaie (le yuan reste en partie lié au dollar) et de ses réserves dont les deux tiers sont plus ou moins placés en Bonds du Trésor américains.