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›› Editorial

Corée du Nord : Désarroi de la puissance. Résurgence du complexe humanitaire

Le 18 février, Madame Hua Chunying, porte parole du Waijiaobu, a froidement balayé un rapport sans précédent des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Corée du Nord, initié il y a un an par la sud-africaine Navanethem (Navy) Pillay, haut commissaire des droits de l’homme, diplômée de droit de Harvard et ancienne juge à la Cour pénale internationale.

Pour la Chine, le rapport était « une critique irraisonnable » qui ne contribuerait pas à la solution de la question nord-coréenne. Quant au pouvoir à Pyongyang, il a catégoriquement rejeté les accusations dont, dit-il, les faits étaient maquillés par des « forces hostiles soutenues par les États-Unis, l’Union Européenne et le Japon. »

Établi par une commission dirigée par le juge australien Donald Kirby qui, pendant 11 mois, a interrogé 80 victimes nord-coréennes à Séoul, Tokyo, Londres et Washington et conduit 240 interviews, le document met à jour un nombre impressionnant d’atrocités parfois commises contre des enfants et des femmes enceintes, souvent bien connues des experts de la Corée du Nord, mais rassemblées pour la première fois dans un document du Conseil des Droits de l’homme à Genève.

La sècheresse de la réaction chinoise répondait aussi à l’intention de la Commission de communiquer le résultat de ses enquêtes à la Cour Pénale Internationale et d’adresser à Kim Jon-un une lettre l’avisant qu’il pourrait être lui-même mis en accusation pour crimes contre l’humanité. Selon le rapport « la gravité, la nature et la dimension des crimes n’ont pas d’équivalent dans le monde contemporain ».

Même si certains experts estiment que l’évocation de la Cour Pénale trace une perspective dramatique inédite bousculant la routine de la situation des relations avec Pyongyang, la plupart doutent que la stratégie soit efficace. A la fois parce que la société nord-coréenne atomisée serait incapable de tirer partie de la brutalité du rapport onusien et des pressions judiciaires qui pèsent sur la Direction du régime, mais surtout parce que Pékin empêchera, par son veto, que la menace de tribunal international se concrétise.

A John Kerry en visite à Pékin le 14 février dernier, le MAE chinois Wang Yi avait d’ailleurs confirmé que la Chine ferait tout pour empêcher la guerre ou le chaos sur la péninsule. Il serait pourtant erroné de croire que Pékin qui craint par-dessus tout les ingérences extérieures dans son pré carré, n’est pas préoccupé par le brutal retour au premier plan de la carte sauvage « droits de l’homme » dans la question coréenne.

Photo : Navanethem (Navy) Pillay, haut commissaire des NU pour les droits de l’homme. Diplômée de droit de Harvard et ancienne juge à la Cour pénale internationale, Navy Pillay fut aussi la première femme nommée à la Haute Cour d’Afrique du Sud. Elle fut présidente du tribunal international pour le Rwanda de 1999 à 2002.


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Par Louis Montalte Le 21/03/2014 à 09h56

Corée du Nord : Désarroi de la puissance. Résurgence du complexe humanitaire.

En guise de préalable, laissez moi rappeler que :

• Aucune atrocité n’est défendable. Toute atteinte aux droits de l’homme est condamnable.
• Personne ne remet en cause les atrocités décrites dans ce rapport. Pas même la Chine.

Mais :

Un de nos diplomates a comparé le régime Nord-Coréen à celui des nazis et aux Khmers rouges.

Ce sont d’anciens khmers rouges qui sont en place à la tête du Cambodge et personne n’a l’air de s’en indigner outre mesure...

L’idée, derrière cette remarque, n’est pas de suggérer que, puisque l’on s’accorde avec des criminels d’une part, on peut toujours s’en accommoder avec d’autres ailleurs.

Ce rapport n’est pas un simple rappel qu’un régime de type stalinien est inhumain. Nous le savons déjà.

En poussant les détails des atrocités (réelles) à l’extrême et en provoquant une indignation (justifiée) à son paroxysme, ce rapport appelle à des réactions (dis)proportionnées et adéquates.

Ce qui est désagréable et incommodant (et ce que montre votre article), c’est que rien n’est proposé depuis la parution de ce rapport, pour apporter une solution concrète à ces souffrances du peuple nord-coréen.

Plus d’embargo ? plus de restrictions de toutes sortes ?

Toutes ces mesures ont montré qu’elle ne mettaient pas en danger le régime et que, paradoxalement elles semblaient le renforcer. Qu’elles le poussent dans sa paranoïa et dans sa volonté d’acquérir l’arme nucléaire.

De plus, (votre article le montre également), toutes ces mesures sont inefficaces tant que la Chine ne les appliquent pas, ou en partie.

Observons cyniquement la situation :

• La chine ne souhaite pas la chute du régime Nord-Coréen.
• Les Etats-Unis semble se satisfaire du statut quo actuel qui a montré une bonne stabilité
• Les Sud-Coréens ne sont pas pressés d’avoir à assister des hordes de nord-coréens, ce qui annihilerait leur croissance pour de nombreuses années.
• Les européens aboient très fort mais la Corée du Nord est hors de leur champ d’actions et de leurs préoccupations immédiates.
• etc.

En accroissant l’hostilité générale, nous ne faisons que renforcer la paranoia du régime, produisant plus d’atrocités, qui renforcent notre indignation, qui nous induit à plus d’hostilité et...

C’est un cercle vicieux...

Si l’on ne souhaite pas trouver une solution de paix à ce conflit qui s’éternise, cela ne peut déboucher que sur une nouvelle guerre dont plus personne ne veut.

Une nouvelle guerre ruinerait la Corée du Sud et tuerait des soldats américains en Asie... Mauvais souvenirs... Voulons nous vraiment à nouveau tenter d’écraser un peuple pour lui apprendre la démocratie ? Cela n’a pas marché au Vietnam pourquoi cela marcherait-il en Corée du Nord ?

Pourquoi alors s’indigner au bord de l’apoplexie et pousser des cris d’orfraie si l’on sait pertinemment que l’on ne peut et que l’on ne veut rien faire ?

Quand allons-nous le courage d’explorer des voies nouvelles ? De pactiser avec le « diable » ?

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